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Quiberon et la Côte Sauvage
(Morbihan, France) |
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Dimanche 11 août 2013
Le temps est aujourd'hui au beau fixe, malgré une bande nuageuse qui persiste au nord de la Bretagne en ce dimanche du mois d'août. Lionel me propose de nous rendre à Quiberon pour manger des crêpes à la Crêperie du Vieux port, une de nos adresses favorites. Cette crêperie fête en effet cette année ses quarante ans d'existence. Nous dégusterons nos crêpes dans le magnifique jardin intérieur, à l'abri du vent. Cet établissement se trouve au Port Haliguen (en photo ci-dessous) situé sur la baie de Quiberon. Ce qui était autrefois un vieux port de pêche typique est devenu désormais un port de plaisance qui peut accueillir jusqu'à mille bateaux. On peut, depuis ce lieu, accéder aux îles de Houat et de Houédic. Port-Haliguen fut l'endroit où débarqua le capitaine Dreyfus, la nuit du 30 juin au 1er juillet 1899, à 2h15. Il arrivait alors de l'île au Diable, sur un bateau appelé Sfax. L'affaire Dreyfus faisait grand bruit à l'époque et les autorités avaient, par précaution, annoncé que ce débarquement aurait lieu au port de Brest. De là, le capitaine Dreyfus empruntera un train spécial depuis Saint Jacques de La Lande qui le mènera à la prison militaire de Rennes, jusqu'à son deuxième procès. On peut, depuis 1932, apercevoir une plaque commémorative de cet événement sur le quai de Sinagot. Port-Haliguen aura préalablement vu débarquer, en 1795, 5400 émigrés royalistes venus d'Angleterre. Royalistes qui ne s'entendront jamais avec les 12000 Chouans morbihanais, lesquels repousseront les émigrés hors de la presqu'île. Les Royalistes, un temps retranchés à l'intérieur du Fort de Penthièvre, seront rapidement délogés par les Républicains. 748 d'entre eux y seront fusillés.
En guise de promenade digestive, Lionel me propose de faire le tour de la presqu'île de Quiberon. Située à 28 kilomètres d'Auray, Quiberon est desservie par une route relativement encombrée en saison estivale. Il est aussi possible de s'y rendre en train (ci-dessous) depuis la gare d'Auray, mais en été seulement. Cette ligne, inaugurée en 1882, fait malheureusement terminus à Auray, alors qu'une desserte jusqu'à Vannes aurait été sans doute plus bénéfique. Autrefois, le train permettait de transporter des munitions vers les batteries de la côte, ainsi que quelques touristes qui découvraient les bienfaits de la mer. Le train sera surnommé « le Train des Cocus » car il transportait alors les hommes qui venaient le week end rejoindre leurs femmes qui étaient en vacances sans leurs maris alors trop occupés par leurs affaires...Le TER, mis en place dans les années 1980 sera, lui, appelé « Tire-bouchon » car il contribuera à désengorger la circulation routière de la presqu'île. ..Pas moins de dix plages sont ainsi offertes aux nombreux touristes qui y débarquent chaque année. Parmi elles, la Plage du Fort-neuf, ou encore la Plage du Conguel (deuxième photo ci-dessous). Dans le prolongement de la Pointe du Conguel et de l'île d'Houat, on peut aussi apercevoir le Phare de la Teignouse, que ses anciens gardiens ont quitté en 1983. Ce phare marque la limite de la baie de Quiberon en direction de Belle-île en mer, toute proche.
Nous décidons de marcher jusqu'à la Pointe du Conguel (ci-dessous) située à l'extrémité sud-est de la presqu'île. Un conguel est un groupe proche du style de Groh-Collé. Une poterie dont la paroi supérieure verticale est ornée d'un bandeau de groupes de lignes tracées à l'aide d'une baguette. Cette pointe est elle-même une presqu'île d'environ un kilomètre de long sur 200 mètres de large, placée sous la protection du Conservatoire du littoral. On y accède par un sentier littoral. A l'origine, l'endroit était une île formée par des roches reliées entre elles par du sable accumulé, île désormais rattachée au continent par un tombolo de trois cents mètres de long. Deux îlots prolongent cette pointe: L'îlot Toul Bihan, accessible à pied lors des grandes marées, et Toul Bras où l'on découvrit des sépultures gauloises. Les Gaulois de la tribu des Vénètes régnèrent en effet sur ce territoire appelé Morbihan. Pour l'heure, ce sont d'étranges sculptures de pierres empilées les unes sur les autres qui attirent mon attention (deuxième photo). Une table d'orientation (troisième photo) permet de situer les différents points de vue qui s'offrent à nous par cette belle journée ensoleillée.
Quiberon sera une île jusqu'au XI ème siècle, puis le sable se déplacera peu à peu dans la baie créant ainsi un tombolo la reliant au continent. En 1746, y débarqua l'escadre anglaise de l'amiral Lestock, avec ses quarante vaisseaux. Le Capitaine général de Penhoët, alors gouverneur de la presqu'île refuse alors de se rendre. Des combats ont lieu, qui mettent en déroute l'armée armoricaine et provoquent la fuite des habitants. Le Duc de Penthièvre aménagera alors des redoutes, au vu des dégâts énormes. Et la construction du Fort de Penthièvre, de débuter en 1747 (ci-dessous). Quiberon est aussi célèbre pour la découverte de la stérilisation des aliments par l'un de ses habitants, au début du XIX ème siècle: Le confiseur Nicolas Appert publia la découverte dont il était l'auteur en 1810. Le développement des conserveries de Port-Maria date de cette époque. Port-Maria qui abrite également une délicieuse confiserie, la Maison Le Roux. Ce chocolatier et caramélier fut racheté il y a quelques années par un entrepreneur japonais qui en assure depuis le développement. Nous y reviendrons lors d'un autre reportage. Si vous passez par là, une escale gourmande s'impose! Sur notre route, une vue imprenable sur la ville de Quiberon (deuxième photo) nous permet d'apercevoir au loin le Château Turpault, à gauche, puis plus à droite, le port (d'où partent les ferrys pour Belle île en Mer, et enfin la superbe plage quiberonaise.
Nous longeons en voiture le Casino de Quiberon (à droite de la photo ci-dessous) qui fut bâti en février 1893. En 1924, la ville est classée en tant que station climatique. Et héberge depuis des termes marins: En 1964, le docteur Raymond Denniel y crée un centre de Thalassothérapie dont le premier directeur de cet institut sera le célèbre cycliste français Louison Bobet. Quelques minutes plus tard, nous passons devant le port de la criée, Port-Maria, puis nous dirigeons vers le Château Turpault (deuxième photo): Située sur la pointe de Beg er Lann, cette demeure marque l'entrée sur la Côte sauvage. Ce manoir de style anglo-médiéval fut construit en 1904 par Georges Turpault, filateur de Cholet , qui le baptisa le château de la mer. Les Quiberonais le rebaptisèrent plus tard « Château Turpault », du nom de son ancien propriétaire. L'endroit ne peut pas être visité car il est désormais une propriété privée. Notre promenade se termine par la côte sauvage qui s'étend sur huit kilomètres, depuis le château Turpault jusqu'à la pointe du Percho. Propriété du Conservatoire du littoral, cette côte sauvage (troisième photo) est sans cesse harcelée par la mer et les vents: Les vagues viennent se fracasser sur les falaises escarpées, provoquant des jaillissements d'écume. L'érosion y a façonné d'innombrables criques , récifs, grottes et arches que l'on ne découvre qu'à marée basse. Ses falaises sont recouvertes d'un tapis d'herbe rase où fleurissent de petites fleurs roses, œillets et arménies maritimes. La route côtière est jalonnée de nombreuses aires de stationnement et permet d'accéder au sentier côtier. En prenant le temps nécessaire, on peut ainsi découvrir successivement l'ancien vivier, le trou du souffleur, la fontaine de Port Kerné , la pointe de Kervihan, Port Bara et sa grotte visible à marée basse, la plage de Port-Blanc et son arche, la pointe du Percho dominée par les vestiges d'un ancien poste douanier. Enfin, la pointe de Beg en Aud et son camp vénète.
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