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Exposition "Paris 1900, Ville Spectacle"
(Petit Palais, Paris, France)
Heure locale


Jeudi 3 avril 2014

 

A cent ans d'intervalle, redécouvrons Paris, la ville lumière, à travers l'exposition « Paris 1900, Ville spectacle », qui se tient au Petit Palais jusqu'au 17 août prochain. Cette exposition nous invite à revivre les heures fastes de la capitale française au moment où elle accueille l'Exposition Universelle qui ouvre ainsi brillamment le XX ème siècle. Nous sommes à ce qu'on nommera la Belle époque : notre pays sort d'un période de grande dépression en 1896 et va connaître sa deuxième révolution industrielle, sur fond d'expansion internationale de la place financière de Paris. La France est désormais républicaine, économiquement florissante et dotée d'une diplomatie solide. Le tacot (train local) va desservir les campagnes, mais la population va rester surtout rurale. Paris s'urbanise, se modernise et se peuple de plus en plus après les rénovations initiées par le Baron Haussmann. Et attire puissants et magnats du monde entier pour les plaisirs qu'elle promet. Ces derniers apprécient son luxe, la gastronomie et les distractions en tout genre. La culture républicaine s'impose progressivement avec ses fêtes, ses rites et symboles nationaux, dont la Marseillaise et la fête du 14 juillet. L'accès à l'instruction publique s'ouvre grâce à Jules Ferry, les syndicats ouvriers sont autorisés, et notre pays demeure l'un des plus grands empires coloniaux de l'époque. C'est cet empire qui va être exposé lors de l'Exposition universelle. La Belle époque reste le temps de l'avènement de l'idéal des Lumières et d'un foisonnement de réalisations artistiques et d'inventions.


 

Ce sont plus de 600 œuvres (peintures, objets d'art, costumes, affiches, photographies, films, meubles, bijoux, sculptures...) de cette époque que vous découvrirez sur place. Articulé autour de six pavillons, le parcours de l'exposition s'ouvre avec l'évocation de l'Exposition universelle au travers d'une section intitulée « Paris, vitrine du monde ». Présenté sous la forme d'une rue couverte, on y découvre la construction, pour l'occasion, des gares de Lyon, d'Orsay et des Invalides, du Pont Alexandre III (construit pour faciliter la circulation des visiteurs à l'intérieur des 120 hectares de l'exposition) tout comme la première ligne du métropolitain grâce à des projets architecturaux, des peintures, des films ou des objets souvenirs. L'apparition de l'électricité contribue à l’émerveillement du public, en tant que progrès technique. Inaugurée le 15 avril 1900, l'Exposition universelle fera de Paris le centre du monde pour quelques mois. Cette manifestation, décidée en 1896 a nécessité de nombreux travaux qui marqueront l'urbanisme parisien, mais attirera 51 millions de visiteurs. Elle était accessible depuis la Place de la Concorde et s'étendait sur les deux rives de la Seine, jusqu'au Champ de Mars et le Trocadéro. Une annexe de 110 hectares, située au bois de Vincennes sera quant à elle dédiée à l'agriculture, à l'automobile, aux maisons ouvrières et aux Jeux Olympiques. Mais c 'est à l'angle des Champs Elysées que la Ville de Paris plantera son plus bel écrin : le Petit Palais.


 

Toutefois, Paris 1900 ne se limite pas à l'Exposition universelle car la Ville lumière offrait bien d'autres occasions de s'amuser : on peut ainsi admirer l'Art Nouveau (deuxième pavillon) et les chefs-d'oeuvre de Gallé, Guimard, Majorelle, Mucha et Lalique. Les Beaux-Arts sont bien sûr présents et démontrent la place centrale de notre capitale sur la scène artistique d'alors, à un moment où les artistes montent à Paris pour se former, créer puis exposer dans les galeries d'art. Cet Art Nouveau est fondé sur l'observation du monde naturel qu'on retrouve dans ses formes et ses ornements. Or, c'est le Japon et son art, très présent à l'exposition, qui s'avérera le plus ardent propagandiste à Paris, à travers la Maison Bing située rue de Provence, et promoteur du terme même d'Art Nouveau. Cet art se définit du plus grand (comme le Castel Béranger d'Hector Guimard, rue de la fontaine, à Paris) au plus petit (bijoux de René Lalique ou d'Alfons Mucha) et fait preuve d'un grand esprit d'inventivité tout en utilisant les techniques les plus traditionnelles comme le travail de l'ivoire, la reliure, la tapisserie ou le vitrail. Art qui bénéficiera de créateurs venus de Nancy, de Belgique et du reste de l'Europe et d'une clientèle d'amateurs aisés et d'artisans pourvus d'un solide savoir-faire, pour être bientôt qualifié d'art « 1900 ».


 

L'Exposition universelle érige, pour l'occasion, deux bâtiments à la gloire des Beaux-Arts de la Troisième République au cœur de Paris : le Grand Palais et le Petit Palais. Ces édifices accueilleront chacun les riches collections d'art français des origines à 1900, aussi bien dans les arts décoratifs que dans le monde la peinture ou de la sculpture. Loin d'être exhaustive, la sélection d'oeuvres présentée au public dans cette salle illustre tout de même la variété des courants artistiques présents à cette époque dans la capitale. On y voit de la peinture d'histoire académique, mais aussi la peinture réaliste, le symbolisme, l'impressionnisme jusqu'à aborder la période glorieuse de Rodin. Les artistes du monde entier sont séduits par l'enseignement alors dispensé, enseignement qui leur laisse espérer une hypothétique reconnaissance officielle grâce à la possibilité qu'il leur est offerte d'accéder à un marché de l'art en plein boom, marché animé par des marchands ou des galeristes nouveaux. Expositions de groupes ou monographiques se succéderont ainsi à un rythme effréné. Et c'est de ce terreau-là que surgiront les avant-gardes du XX è siècle.

 

La mode parisienne triomphe, elle aussi, à l'Exposition universelle, où l'on peut voir une Parisienne habillée par Jeanne Paquin sur la porte monumentale. Cette porte, qui donnait accès à l'Exposition était dominée par cette statue qui remplaça la Marianne républicaine prévue au départ.Les maisons de couture de la rue de la Paix attirent alors une clientèle cosmopolite et richissime, à l'affut des plus beaux modèles. Sont ainsi présentés la célèbre cape de soirée signée du couturier Worth, de grands portraits mondains de La Gandara ou Besnard, et des peintures de Jean Béraud et d'Edgar Degas évoquant le monde des modistes et des trottins (nom donné à ces petites Parisiennes chargées de livrer les chapeaux des modistes), où règne le bon goût de l'époque. Les riches clientèles font aussi partie de ce tableau, elles qui repartaient avec une petite partie de ce chic parisien, après avoir fréquenté les principaux couturiers et après avoir même parfois posé dans l'atelier d'un portraitiste à la mode.


 

Paris, la nuit, se transforme, suite à la modernisation de l'éclairage public et à l'apparition de la fée électricité. La nuit parisienne devient accessible et un lieu où l'on s'affaire, non seulement pour se délasser mais aussi pour travailler. Tout le monde y a accès, même les moins fortunés : du café-concert au music-hall, du bal au cirque, le spectacle est omniprésent. Et Paris de se construire une réputation de capitale festive. Cette nuit parisienne attire aristocrates et magnats de l'industrie et du commerce de l'ancien et du nouveau monde. Cette aura renforcera le mythe de la Belle époque, grâce, entre autres, à ces belles de nuit, danseuses ou serveuses, qui serviront autant d'ornements que de proies. On retrouve des lieux mythiques comme le Chat Noir ou le Moulin Rouge, sujets favoris d'artistes comme Toulouse-Lautrec. Et la ville entière de se transformer en vaste boudoir. Le pavillon « Paris la Nuit » entraine ainsi le visiteur dans l'atmosphère de ces nuits parisiennes avec, en son centre, une maison qui évoque les aspects les plus légers.


 

Des nuits parisiennes au Paris des divertissements, il n'y a qu'un pas, avec Sarah Bernhardt, Yvette Guilbert, Debussy ou Rostand. Le dernier pavillon, « Paris en Scène », est composé de trois manèges dont l'un donne accès à une petite salle de cinéma accueillant la projection du Voyage dans la Lune, de Méliès. C'est que l'exposition a tenu à rendre hommage à ce qui allait devenir le 7è art. Ce cinématographe n'est encore qu'une attraction mais on lui prévoit déjà un avenir formidable. Et le premier rôle dans ce mythe de la Belle époque. Les plaisirs et les divertissements sont nombreux dans la capitale et il est conseillé d'être vu au Pré Catelan (ci-dessous) ou au Pavillon d'Armenonville, ces restaurants à la mode qui accueillent une société mélangée et cosmopolite en attendant l'heure du spectacle. Car cela ne se fait pas d'arriver au début de celui-ci et il est courant d'observer les fidèles spectateurs de la sale de l'Opéra Garnier débarquer qu'au moment diu ballet du second acte. Il y a pléthore de théâtres à cette époque , des lieux ouverts à toutes les bourses, qui tantôt jouent des œuvres connues, tantôt promeuvent des interprétations nouvelles (comme au Théâtre de l'Oeuvre ou au Théâtre Libre).


 

La visite s'achève au coeur des collections permanentes avec un coup d'oeil sur l'Exposition universelle. Manifestement la Belle époque a fait date dans l'histoire de notre pays. Le rayonnement culturel de cette période imposait qu'on y consacre une exposition digne de ce nom et quel plus beau symbole que le Petit Palais pour l'accueillir! Le visiteur peut ainsi admirer des toiles récemment sortis des réserves, comme par exemple les Halles, immense peinture de Léon Lhermitte. Récemment restaurée, elle a retrouvé sa place d'origine au Petit Palais. Un hommage particulier est aussi rendu à Charles Girault, l'architecte des lieux, qui saura si bien faire de ce « musée modèle » un petit bijou en mariant références classiques, style Art Nouveau et innovations techniques.


 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Exposition « Paris 1900, Ville spectacle », au Petit Palais, Avenue Winston Churchill, à Paris (8è), jusqu'au 17 août 2014. Entrée : 11 €. Musée ouvert du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00, avec nocturne le jeudi (jusqu'à 20 heures). Accès H. Métro Champs-Elysées-Clémenceau. Site internet : http://www.petitpalais.paris.fr/

  • Découvrez l'exposition sur votre smartphone en téléchargeant gratuitement l'application « Paris 1900 » disponible sur l'App Store et Google Play, en français et en anglais.

  • Visites conférences

 

Durée 1h30. Sans réservation. 4,50 euros + billet d’entrée.

 

Chaque mardi à 14h30, jeudi à 18h et samedi à 16h.

  • Merci à Mathilde Beaujard (presse) pour son aide précieuse.

 







 



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