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Musée des Arts & Traditions Populaires
(Séville, Andalousie, Espagne)
Heure locale


Jeudi 6 novembre 2014


Il y a quelques jours, je visitais le Musée des Arts et Traditions populaires de Séville. Ce musée, qui appartient à l'Etat, est géré par le Ministère de la Culture de la Junta de Andalucia. Il est abrité dans le magnifique Pavillon mudéjar (ci-dessous en photo), qui fut construit pour l'Exposition ibéro-américaine de 1929, évènement qui se déroula à Séville du 9 mai 1929 au 21 juin 1930. Ce fut l'un des évènements les plus importants du XX è siècle pour la capitale andalouse. Ce Pavillon fut conçu par l'architecte sévillan Anibal Gonzalez. Cet homme restera la principale référence de l'architecture régionaliste andalouse du début du XX è siècle. Anibal Gonzalez sera l'architecte en chef de l'Exposition ibéro-américaine, mais démissionnera de son poste en 1926, officiellement pour des raisons de santé, mais en réalité sous la pression du dictateur Miguel Primo de Rivera, au pouvoir à cette époque.


 

C'est en 1972 que le Musée s'installa dans le pavillon. Ce bâtiment de quatre étages, d'une surface de 8000 m2 environ, permet l'accueil d'expositions permanentes mais aussi des salles de projection individuelles où sont projetés des documentaires sur la vie traditionnelle andalouse. Un vaste espace est également dédié à des expositions temporaires. A cause de la crise économique espagnole, et du manque de personnel dans le musée, il ne me sera pas possible d'admirer l'exposition consacrée aux costumes régionaux. Je me concentrerai donc sur les objets exposés au sous-sol, à savoir du mobilier et des ustensiles domestiques. Une partie de cette exposition présente également des métiers d'antan et (ou) toujours actuels avec des vitrines reconstituées(ci-dessous). Une autre partie est dédiée aux productions de céramiques : azulejos, céramique historique, céramique populaire actuelle, et faïence industrielle actuelle (deuxième photo). Enfin, la dernière partie de cette exposition fort intéressante permet d'observer des armes de défense personnelle, des systèmes de mesures traditionnelles de poids et de capacité des grains et des liquides.


 

Remettons-nous d'abord dans le cadre de cette exposition, consacrée à la culture andalouse. L'Andalousie est une région d'Espagne qui constitue l'uns des dix-sept communautés autonomes du pays. C'est la Junta de Andalucia sur laquelle repose l'autogouvernement de cette communauté autonome. Située au sud de la péninsule ibérique, l'Andalousie sera d'abord peuplée par des Ibères, puis des Phéniciens, des Carthaginois et des Tartessiens. Elle recevra aussi des colonies grecques et des comptoirs phéniciens. Les Vandales, puis les Wisigoths s'y établiront ensuite, suivis par les Arabes, puis les Berbères.

Même si la région connut un spectaculaire développement économique dans les années 1990-2000, c'est la deuxième région la moins chère d'Espagne. Elle a heureusement comme atout d'être très peuplée et très touristique puisque qu'elle reçoit annuellement plus de sept millions de visiteurs étrangers. Elle est aussi devenue la troisième région au niveau national pour les nouvelles technologies de l'information. Malgré cela, les emplois restent peu qualifiés et la région, excentrée du reste de l'Europe, souffre d'un manque de tissu industriel et d'investissements étrangers.

L'Andalousie est un important producteur de fraises (Huelva), d'olives (Jaen), de tournesol, de jambons serrano et ibérique (celui qu'on utilise pour les sandwichs dans les bars!), de cuir (Campillos), de vin (appellations de Malaga, Xérès, et montilla-moriles), et même de canne à sucre (de manière marginale).

 

Culturellement, il faut savoir que l'espagnol parlé en Amérique est très influencé par celui qui est parlé en Andalousie. De grands auteurs andalous ont ainsi magnifié le castillan, parmi lesquels Luis de Gongora, Tirso de Molina, ou Federico Garcia Lorca, Antonio Machado, Rafael Alberti, Miguel Hernandez, Antonio Munoz Molina. De nombreuses œuvres littéraires naquirent sur cette terre qui a vu naitre des personnages romanesques comme Don Juan et Carmen. La région occupe une place singulière dans les récits de voyage du XIX è siècle grâce à Chateaubriand, Théophile Gautier, Prosper Mérimée ou Alexandre Dumas.

Dans le domaine de l'architecture, l'Andalousie se distingue du reste de l'Espagne par l'importance quantitative et qualitative de vestiges de l'époque d'Al-Andalus. De nombreux châteaux et forteresses, mais aussi des palais, des mosquées, des bains sont encore intacts ou ont été restaurés de nos jours. Après la reconquête, les Castillans reprirent les canons de l'art hispano-mauresque dans l'architecture mudéjare dont la plus brillante réalisation demeure l'Alcazar de Séville (voir le reportage correspondant). Ces mêmes Castillans introduisirent également l'architecture gothique, mise en œuvre dans des ensembles castraux ou dans des constructions religieuses. Le XVI è siècle apportera l'architecture de la Renaissance, très appréciée en Andalousie. On en trouve de exemples à Grenade (Palais de Charles Quint), à Cordoue et Jaen (Cathédrales), et à Séville (Casa de Pilatos et hôpital des cinq plaies).

L'architecture baroque arrivera plus tard et marquera profondément la ville de Séville. Eglises et palais sévillans en témoignent encore aujourd'hui. Cette époque donnera aussi de grands noms à la peinture andalouse.Plus tard, apparaitront le style néo-classique, puis l'architecture régionaliste, si chère à Anibal Gonzalez.

 

La culture populaire andalouse inclut, entre autre, l'art du flamenco. A la fois genre musical et danse, le flamenco, qui date du XVIII è siècle, fut créé par le peuple andalou , sur la base d'un folklore populaire issu de diverses cultures qui s'épanouirent au long des siècles en Andalousie. Au départ, il consistait en un simple chant, établi à l'origine dans le triangle formé par Triana, Jerez et Cadix. Les claquements des mains (palmas), la danse (baile), la percussion avec les pieds et avec les castagnettes vinrent ensuite. Cet art est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO depuis 2010. A noter que la région est également le lieu de naissance du cheval de pure race espagnole et, nous l'avons vu lors d'un précédent reportage, un des hauts-lieux de la tauromachie. Les férias sont les fêtes profanes les plus connues. La féria de Abril est célèbre à Séville. Il y en a bien d'autres dont le Carnaval de Cadix, très couru. Par ailleurs, chaque village et ville organise une féria, souvent à l 'occasion des festivités liées au saint patron de la localité. La religion fait de même partie de la culture populaire de cette belle région. Depuis mon arrivée, rien qu'à Séville, je croise un nombre impressionnant de chapelles et d'églises, sans parler des portraits en céramique de la Vierge fréquemment plaqués sur les façades d'immeubles. J'ose à peine imaginer pareille chose en France. Cette région est manifestement croyante. Ca se sent et ça se voit, pas dans le sens où les habitants font montre de leur religion, mais par leur savoir-être avec autrui.

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée des Arts & Traditions, Pavillon Mudéjar, Plaza de América, 3, à Séville. Tél:(+34) 954 71 23 91. Ouvert le mardi de 14h30 à 20h30, du mercredi au samedi, de 9h00 à 20h30, les dimanche et jours fériés, de 9h00 à 14h30. Entrée gratuite (sur présentation d'une pièce d'identité de l'Union européenne). Site internet : http://www.museosdeandalucia.es/culturaydeporte/museos/MACSE/

  • La carte SevillaCard vous permet de bénéficier de nombreuses réductions et d'accès gratuits : musées, croisières, transports, parc d'attraction Isla Magica. Disponible pour 24h, 48h, 72h ou 120h (plus de 5 jours de visite). Site internet : http://www.sevillacard.es/fr/inicio

  • Musée de la Danse Flamenco, Calle Manuel Rojas Marcos, 3, à Séville. Tél:(+34) 954 34 03 11. Ouvert tous les jours de 10h00 à 19h00. Spectacles de flamenco (15 et 23€).Site internet : http://www.museoflamenco.com/

 

 



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