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Cadix
(Andalousie, Espagne)
Heure locale


Samedi 8 novembre 2014

 

Il aurait été dommage que je n'aille pas à Cadix, car cette ville n'est située qu'à une heure trente de train de la capitale andalouse. Appartenant à la Province de Cadix, et, avec Jerez de la Frontera, l'une des deux villes les plus importantes de la baie de Cadix, qui fait face à l'océan Atlantique, la ville fortifiée possède un port avec ses chantiers navals. Elle accueille également de gigantesques paquebots (ci-dessous) remplis de touristes, qui déferlent par groupes sur cette cité remplie d'histoire. Ses habitants sont des Gaditans.


 

Cadix fut autrefois bâtie sur un rocher relié au continent par une chaussée étroite et au bord d'une baie, à environ trente kilomètres de l'embouchure du Guadalquivir. Elle a son petit port de pêche et de voyageurs mais aussi de nombreuses fortifications comme les murailles de San Carlos (ci-dessous). L'origine de Cadix proviendrait de Gadir (en arabe et phénicien, cela signifierait justement château, grenier ou forteresse). Elle est l'une des plus anciennes villes d'Europe, et fut fondée sous le nom de Gadès, en 1104 avant J.C par les Phéniciens. De 700 à 600 avant J.C, Cadix était un riche marché qui vendait de l'ambre et de l'étain. Les Carthaginois s'en emparèrent en 501 avant J.C. La ville se ralliera aux Romains en 205 avant J.C lors de la Deuxième Guerre punique, bénéficiant ainsi d'un traitement de faveur. Jules César accordera en effet à ses habitants la citoyenneté romaine en 49 avant J.C car ils avaient pris parti pour lui et avaient chassé les pompéiens. Mais le V è siècle devait être moins favorable à la petite cité, laquelle fut ravagée par les Wisigoths. Elle fut aussi prise par les Maures en l'an 711, mais ces derniers la reconstruisirent, avant qu'elle ne soit pillée par le chef viking Hasting. Alphonse X reprendra la ville en 1262, ouvrant ainsi une nouvelle ère : après la découverte des Amériques par Christophe Colomb, en 1492, les navires espagnols qui rapportaient les trésors choisissaient Cadix comme port d'attache et la ville, de devenir l'une des plus riches d'Europe. D'autres puissances ne tardèrent pas à menacer la suprématie navale espagnole et Cadix dut affronter plusieurs batailles. Les Anglais, sous l'égide de Francis Drake, attaquèrent le port en 1587, détruisant de nombreux vaisseaux, puis en 1596, une autre attaque eut lieu, sous les ordres de Robert Devereux, second comte d'Essex. La ville sera attaquée trois fois au total au cours du siècle suivant. Cela ne les empêche pas d'y revenir aujourd'hui, mais en villégiature et à titre pacifique. J'en croiserai beaucoup au cours de ma visite.

 

Cadix comptera une importante communauté française durant les XVII è et XVIII è siècles. En 1762, les bénéfices commerciaux nets réalisés par des Français équivalent à près de 43% du total. Nos compatriotes y ont élu domicile y s'y établirent comme commerçants. Un Français restera plus célèbre que les autres : Armand Joseph Dubernad. A la fois négociant à Séville et ...à Morlaix (Bretagne), il est aussi le cousin de François Cabarrus, alors ministre du roi d'Espagne. Il financera le canal de Murcie ainsi que les guerres menées par le roi espagnol, mais finira tout de même persécuté par l'Inquisition.

Le 1er novembre 1755, Cadix est en première ligne lors du tremblement de terre de Lisbonne. Un tiers de la ville fut alors détruit, précipitant de nombreuses habitations à la mer et mettant à bas bon nombre des installations portuaires marchandes et militaires. Ceci entrainera des conséquences désastreuses pour la cité, car, désormais, faute d'infrastructures , Cadix verra les échanges commerciaux avec les Amériques lui échapper, ceux-ci passant par les ports français, anglais ou hollandais. Il en sera fini de l'Espagne en tant que puissance catholique, maritime et économique dans cette partie du monde. La Révolution française, les guerres et les blocus vont contraindre les Français alors présents à rentrer chez eux. Cadix est alors bloquée par la flotte britannique durant presque quinze mois, entre 1797 et 1798. Durant les guerres napoléoniennes, la cité sera également assiégée par la flotte française entre février 1810 et août 1812. Elle donnera par contre son nom à la première constitution espagnole, la Constitution de Cadix, en mémoire de laquelle s'élève aujourd'hui un monument aux Cortès (ci-dessous). Après le soulèvement de Madrid contre la présence française, le 2 mai 1808, la résistance se développa dans plusieurs régions espagnoles, dans le cadre de juntes. Le 25 septembre, fut créée la Junte suprême centrale de gouvernement, qui siégera d'abord à Aranjuez, puis à Séville, avec pour but d'organiser la résistance et le rétablissement d'un état espagnol. Deux options existaient alors : rétablir la monarchie absolue ou voter une nouvelle constitution. Début 1811, les Cortes qui avaient travaillé sur cette dernière, siégèrent à Cadix et adoptèrent cette constitution libérale en 1812, qui distinguait le pouvoir exécuté confié au roi et à ses ministres, et le pouvoir législatif. Mais celle-ci ne sera jamais appliquée. Le premier acte du roi Ferdinand VII, lors de son retour sur le trône en 1814, consistera à l'abolir, laissant les milieux libéraux dépités et préfigurant déjà la révolution de 1820.


 

Autre fait historique gaditan, la prise du fort de Trocadéro, à marée basse, par le corps expéditionnaire français commandé par le duc d'Angoulême , le 31 aout 1823. L'objectif étant de rétablir le roi Ferdinand VII sur son trône. C'est pour commémorer ce fait d'armes que fut construite l'ancien Palais du Trocadéro, dans le XVI è arrondissement de Paris. Plus tard, vint la guerre d'Espagne, et Cadix servit de base aux forces nationalistes du général Franco.

Je descend de mon train à la gare de Cadix. Terminus pour tout le monde. Il fait un temps magnifique mais froid. La gare étant située un peu en hauteur, je descend vers le port jusqu' à atteindre la Plaza San Juan de Dios qui abrite l'Hôtel de ville (ci-dessous). Cet édifice fut construit en 1799 par l'architecte Torcuato Benjumeda, dans le style néo-classique. J'empreinte ensuite la rue de San Francisco, à deux pas de là. Celle ci, extrêmement étroite, me mènera à la place du même nom. En tournant à droite, j'arriverai rapidement à la Place d'Espagne qui accueille le monument commémorant la Constitution de 1812.


 

La ville est peu étendue et il ne me faudra que trois heures pour en faire le tour, et encore, en prenant mon temps. Au bout de quelques minutes je me retrouve au pied des murailles de San Carlos, et surprends des perroquets en pleine conversation dans les hauts palmiers jouxtant les murailles (ci-dessous). Au loin, j'aperçois le Baluarte de Candelaria (deuxième photo), autre fortification de la ville. Cet édifice fut érigé en 1672, sur l'initiative du gouverneur de la Place Diego Caballero de Llescas. Le fort, muni de canons, servait à défendre le point d'entrée du port. Il servira successivement de prison, d'école d'ingénieurs, et même de colombier pour les pigeons de l'armée espagnole, avant d'être réhabilité en centre culturel.


Des murailles de San Carlos, je prends la rue Honduras qui me conduit directement sur une promenade qui longe le front de mer (ci-dessous). Un jardin, l'Alameda Apodaca se dresse à cet endroit mais je préfèrerai nettement les jardins de Charles III , face à l'université (deuxième photo). Le parc de Génovès se trouve le long du front de mer mais il me faut dépasser la forteresse de Baluarte de Candelaria. L'endroit est remarquable pour ses arbres sculptés, son théâtre de plein air et son café. Je ne m'y attarderai pas. Et emprunterai la rue Benito Perez Galdos pour me rendre sur la Place Manuel de Falla afin d'admirer la façade du Grand Théâtre Falla (troisième photo), de style Mudéjar et de brique rouge, bâti à la place de l'ancien théâtre, tout en bois, qui avait brûlé en 1881. Le nouvel édifice sera baptisé en l'honneur de Manuel Falla. Compositeur talentueux (il fut l'un des plus grands d'Espagne), Manuel de Falla commencera l'étude du piano dès l'âge de huit ans , avant de devenir un élève de José Trago, pianiste de haut niveau. Lors d'un séjour en France, il fera la connaissance de Claude Debussy, Maurice Ravel et Isaac Albéniz. Ces trois grands musiciens décèleront chez Manuel de Falla un talent hors du commun. Notre homme composera également des pièces de musique (Quatre Pièces espagnoles, L'Amour sorcier, Nuits dans les Jardins d'Espagne...). Toute sa musique sera marquée par le génie de son pays natal, et même par des thèmes folkloriques espagnols très habilement repris. Après la guerre d'Espagne il quittera son pays pour l'Argentine où il finira sa vie.

 

Je passerai plus tard devant l'Oratoire San Felipe Neri, temple baroque construit entre 1685 et 1719, sur un projet de l'architecte Blas Diaz. Puis me rendrai à la tour Tavira, tour Belvédère la plus importante de Cadix, témoin du commerce et de la prospérité des XVII et XVIII è siècles. Elle s'élève sur le plus haut point de la ville et fut appelée tour vigie officielle du port en 1778. Le premier homme à y avoir assuré la surveillance, Antonio Tavira (ci-dessous), a depuis donné son nom à celle-ci. A l'intérieur, une chambre noire permet d'observer en temps réel la vie extérieure autour de la tour tandis qu'une deuxième salle offre d'en apprendre un peu plus sur la vie du port et de la ville. La mer n'est pas loin et je prends maintenant la direction de la plage la plus célèbre de Cadix, la Playa de Caleta (deuxième photo) sur laquelle se dressent encore de nos jours ses fameuses maisons de bain. Je poursuis ma promenade en direction de la cathédrale, qui se trouve sur le site d'une ancienne cathédrale, terminée en 1260 et détruite par le feu en 1596. La cathédrale actuelle (aussi appelée nouvelle cathédrale) est un bâtiment de style baroque, érigé pendant... 116 ans, avec de nombreuses modifications des plans de construction initiaux. On y retrouve aussi, pour cette raison, des éléments de style rococo, et néo-classique. Dans sa crypte sont enterrés Manuel de Falla, le célèbre compositeur, et le poète José Maria Peman, tous deux Gaditans.


 

Sur le chemin du retour, je fera une halte au Musée de la marionnette qui se trouve au sommet de la muraille surplombant la gare ferroviaire de Cadix. On y voit des marionnettes de 23 pays différents (dont l'Espagne, comme ce Polichinelle, sur la photo ci-dessous)


 

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Tour Tavira, Calle Marquès del Real Tesoro, à Cadix. Tél:(+34) 956 21 29 10. Ouverte tous le jours de 10h00 à 18h00 (d'octobre à avril) et de 10h00 à 20h00 (de mai à septembre). Visite de la tour et de la chambre noire (projection d'une image vivante en temps réel de tout ce qui se passe autour de la tour, grâce à un ingénieux système optique). Site internet : http://www.torretavira.com/fr/index.php

  • Brasserie El Sardinero, Plaza de San Juan De Dios, à Cadix. Piège à touristes. Chocolat chaud (liquide et sans aucun goût) et assiette de churros : 5 €. A EVITER !

  • Bar Restaurant La Marina, Plaza de las Flores (à côté du Marché central), à Cadix. Chocolat chaud exceptionnel + churros : 2,75€. A CONSEILLER !

  • Cathédrale, Place de la Cathédrale, à Cadix. Visite Cathédrale et musée : 5€. Tél:(+34) 956 28 61 54.

  • Museo de Titeres, Bovedas de Santa Elena Baluarte de Puertas de Tierra, à Cadix. Tél:(+34) 956 276 846. Entrée gratuite. Ouvert du mardi au vendredi de 10h00 à 19h00, et les samedi et dimanche de 10h00 à 15h00. Site internet : http://institucional.cadiz.es/area/Museo%20del%20T%C3%ADtere/767

 

 








 



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