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Le Musée Carmen Thyssen
(Malaga, Andalousie, Espagne)
Heure locale


Jeudi 13 novembre 2014

 

Il est un magnifique musée de peintures dans le centre-ville de Malaga : Le Musée Carmen Thyssen. Celui-ci a trouvé refuge au Palais de Villalon, une demeure seigneuriale du XVI ème siècle située dans la rue Campania, près de la Place de la Constitution. Ce palais connut de nombreuses transformations, au cours de son histoire, travaux qui altérèrent son aspect originel. Il appartint à plusieurs familles d’aristocrates, et servit même, au milieu du siècle dernier, de magasin de lampes. Lors de sa restauration, avant d'y installer le musée, des fouilles permirent d'y découvrir les restes d'une usine de fabrication de garum, ainsi que des vestiges romains datant du III ème siècle. On y retrouva aussi des peintures figuratives de poissons et d'anciennes piscines ayant appartenu à des entreprises de salaison de poisson, mais aussi une nécropole probablement d'origine byzantine. Des peintures de l'époque romaine furent également découvertes, et furent celles d'une villa liée à la pêche. Celles-ci laissent apparaître des poissons et des oiseaux. Ce palais, dont on pense qu'il fut bâti au XVI ème siècle, fut d'abord la propriété de la famille Villalon, originaire de Setenil, à Cadix, qui contribua à repeupler la petite ville de Ronda. L'un des membres de cette famille aurait participé à l'expédition du Détroit de Magellan, en 1519, mais serait décédé aux Philippines. L'édifice occupa une place importante durant le XVIII è siècle, lorsqu'en 1707, Catalina de Villalon y Mendoza épousa Gaspar de Bracamonte y Zapata, marquis de Fuente el Sol. On trouve leurs armoiries respectives sur la façade de l'immeuble. Le marquis mourra en 1733, laissant sa veuve et ses fils dans le dénuement. Le fils ainé, Agustin Domingo Bracamonte y Villalon Mendoza, prit le titre de cinquième marquis de Fuente el Sol, se maria à deux reprises mais ne laissera aucune descendance. On apprend aussi lors de ces travaux de recherches que les Bracamonte -Villalon furent inhumés à la chapelle du Coeur de Marie, dans l’église des Martyrs. Les filles de la famille, Maria et Ana Villalon se chargèrent de faire réparer ladite chapelle à la suite des tremblements de terre de 1680 et de 1755. Cette famille sort du lot par le fait qu'elle ne laissera aucune descendance, laissant le palais vide et abandonné durant plusieurs décennies, jusqu'au milieu du XIX è siècle, moment où Avelino Espana y aménagera . Qu'en fit-il ? Un magasin de tissus ? On le prétend. En tous cas, le nouveau propriétaire, qui épousera sa nièce Araceli Enciso, mais aussi sa famille, resteront les propriétaires du Palais Villalon jusque dans les années 1940. Puis, l'édifice sera plus tard revendu à Don Trinidad Romero pour 500 000 pesetas (ce qui, pour l'époque, représentait une somme considérable), lequel y installera un magasin de tissus. Jusqu'à ce que, vers la fin des années 1950 et début des années 1960, la société commerciale Alvarez (spécialiste de faïence et de cristallerie) ne détériore le bâtiment.


 

Le musée Carmen Thyssen présente, quant à lui ,une superbe collection de peintures appartenant à la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza. Carmen Cervera fut la troisième femme du baron Hans Heirich Thyssen-Bornemisza. Depuis 1992, un autre musée de cette famille est ouvert dans la capitale ibérique. Carmen Cervera est de son côté collectionneuse d'art depuis les années 1980 et c'est sa collection personnelle qui se trouve ici, à Malaga, depuis la date d'inauguration de ce musée, le 24 mars 2011. Fille d'Enrique Cervera y Manent et de Maria del Carmen Fernandez de la Guerra y Alvarez, elle est à la fois philanthrope espagnole et collectionneuse d'art, tout en restant une femme très active. Elle sera élue Miss Espagne en 1961, puis épousera Lex Barker quatre ans plus tard. Son deuxième mari sera Espartaco Santoni jusqu'en 1978, puis e ellse remariera avec le baron Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza en 1985.


 

La collection permanente du musée présente 230 œuvres qui nous invitent à un fascinant voyage au cœur de l'art espagnol du XIX ème siècle, et tout particulièrement, à travers la peinture andalouse. Des expositions temporaires ont lieu également de temps à autre, et sont complétées par des projets éducatifs et culturels. Je rencontrerai ainsi durant ma visite une classe de collégiens en train d'assister à un exposé de la part de leur professeur. Un itinéraire invite le visiteur à découvrir des peintures réalisées un siècle et demi plus tôt, avec notamment, la « Sainte Marine » (ci-dessus en photo) du peintre Zurbaran, l'un des artistes incarnant le mieux la personnalité artistique du siècle d'Or espagnol, œuvre visible au premier étage de l'édifice, dans une petite salle arborant plusieurs objets et peintures religieux. La visite se termine au deuxième étage, par la salle « Fin de Siècle », avec les œuvres de la période de plénitude artistique et Sorolla et de Zuloaga, les deux artistes phare du rayonnement international de l'art espagnol du XX ème siècle, à l'époque où Picasso triomphait déjà à Paris. Au rez-de-chaussée, on peut admirer des peintures représentant des paysages.


 

La collection est articulée autour de l'oeuvre de grands artistes, qui, en marge des circuits officiels représentés par les expositions nationales, créent un langage très personnel permettant à l'art espagnol de trouver la voie de sa propre modernité. On retrouve des artistes comme Valeriano Dominguez-Becquer, Eugenio Lucas Velazquez, José Jimenez Aranda, Mariano Fortuny (dont on peut admirer en photo ci-dessus « La Corrida »), Raimundo de Madrazo, Eliseu Meifren, José Moreno Carbonero, Aureliano de Beruete, Carlos de Haes, Marti i Alsina, Ignacio Pinazo, Munoz Degrain, Modest Urgell, Ricard Canals, Ramon Casas, Francisco Iturrino, Lopez Mezquita, Emilio Sala, Cecilio Pla, Dario de Regoyos, Julio Romero de Torres (celui qui peignit « La Bonne aventure », ci-dessous), Joaquin Sorolla, Ignacio Zuloaga, ou Guillermo Gomez Gil (dont on peut admirer « La Fontaine Reding », sur la deuxième photo), tous des protagonistes de l'art du XIX ème siècle, qui constituent le noyau de la collection.

 

J'ai, pour ma part, beaucoup apprécié ma visite mais, me trouvant à Malaga, ai privilégié les peintures de la région, comme celle-ci, ci-dessous, « Visite du port de Malaga », œuvre de Guillermo Gomez Gil, réalisée en 1896. Né à Malaga en 1862, notre peintre reste célèbre pour ses marines. C'est dans sa ville natale qu'il se formera à la peinture, grâce à son maitre Emilio Ocon y Rivas. Il se spécialisera dans les paysages et dans les toiles marines , participant à de nombreuses expositions nationales et remportant plusieurs récompenses (en 1892, 1897, 1899, 1901, 1904, 1906, 1908, 1915 et 1917). Il sera professeur à l'école des Arts & Métiers de Séville, jusqu'à son mariage, en 1932. Sa peinture témoigne à la fois d'une technique purifiée et d'une grande sensibilité, comme ce « Coucher de Soleil sur Malaga », deuxième photo ci-dessous : la façon de représenter le reflet du soleil, et la surface de l'eau, rendent le tableau particulièrement émouvant.

 

Je suis désormais sur le départ pour Grenade. Malaga m'a paru moins authentique historiquement que ce que j'ai visité jusqu'à présent. Pourtant, le pays est égal à lui même : gentillesse des Espagnols, sens de l'accueil, prix très abordables, propreté extrême des lieux fréquentés, cuisine et vin délicieux. Le point noir : le manque de places de stationnement, le prix prohibitif des stationnements (18€/ 24 heures dans un parking couvert) et le manque de clarté des panneaux routiers sur les destinations énoncées. Je conseille fortement l'usage d'un GPS, qui facilite grandement l'existence et permet de conduire plus détendu. Je vais découvrir, au cours de ma prochaine escale, une autre facette de l'Andalousie, plus montagneuse. Nous verrons bien !

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée Carmen Thyssen, Plaza Carmen Thyssen, Calle Compania, 10, à Malaga. Tél:(+34) 902 303 131. Ouvert du mardi au dimanche, de 10h00 à 20h00. Entrée : 6 €. Prise de photos autorisée mais sans flash. Contrôle des sacs à l'entrée. Il est ensuite nécessaire de laisser ses effets personnels à la consigne (gratuitement). Site internet : http://www.carmenthyssenmalaga.org/es











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