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La Mosquée Cathédrale
(Cordoue, Andalousie, Espagne)
Heure locale


Mercredi 19 novembre 2014

 

La Cathédrale de Cordoue fait partie des incontournables de cette ville. Lors de mon arrivée sur place, je suis un peu perdu : comment appellerais-je cet endroit ? Mon guide touristique parle de la Mosquée de Cordoue, et le dépliant qui m'est remis à l'entrée de la Cathédrale, mentionne Cathédrale de Cordoue. Il est vrai qu'il est peu commun de se retrouver dans un lieu aussi hétéroclite. Le gigantesque édifice parle de la Mosquée-cathédrale, également connue sous son ancien nom, la grande mosquée de Cordoue. Bref, intéressons-nous à l'histoire afin de clarifier les choses. Je me trouve ici sur un ancien temple romain qui devint plus tard église, puis mosquée, dans laquelle sera ensuite érigée une cathédrale. La plus grande partie du monument est constituée par une architecture islamique, qui témoigne de la présence musulmane en Espagne entre les VIII ème et XV ème siècles. Le lieu est réputé pour être l'édifice le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. A noter que la mosquée-cathédrale a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1984.


 

Il y a très longtemps, Cordoue était la capitale d'une province romaine, la Bétique, et un temple fut érigé à Janus. En 572, la ville est prise par les Wisigoths. Et le catholicisme de remplacer l'Arianisme, d'où la construction, en 584, sur l'emplacement de ce temple, de l'église Saint-Vincent consacrée à Vincent de Saragosse. On peut voir à l'intérieur de la mosquée-cathédrale des pierres d'origine de cette église retrouvées lors de fouilles effectuées dans les années 1930, et exposées au Musée Saint Vincent (ci-dessous). Située au centre-ville, l'église ne tardera pas à devenir le principal lieu de culte, une résidence épiscopale et un monastère. Des traces écrites relatent qu'en 714, les musulmans auraient passé un accord avec les Wisigoths de la ville pour prendre la moitié de cette église Saint Vincent, exigeant au passage la destruction de toutes les autres églises de la cité. L'érection de la mosquée débutera trente ans plus tard, après l'arrivée de Abd Al-Rahman 1er en Espagne. Ce dernier détruira la partie chrétienne de l'église Saint-Vincent pour en faire une mosquée dans sa totalité. En contrepartie, il autorise les Chrétiens à construire d'autres églises à Cordoue. Il ne faudra à Abd Al-Rahman 1er qu'un an pour transformer entièrement l'ensemble en mosquée, en réutilisant les matériaux de construction de l'ancienne église, tout comme certains aspects architecturaux. Cette mosquée sera agrandie à trois reprises par ses successeurs, pour atteindre une surface totale de 23000 m2 et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde, après celle de La Mecque. Elle sera uniquement dépassée en 1588 par la construction de la mosquée bleue d’Istanbul, puis la mosquée Hassan II de Casablanca, en 1993. On remarquera que la mosquée de Cordoue n'est pas orientée vers La Mecque, d'où la présence du mihrab (deuxième photo) destiné à indiquer la qibla, c'est à dire la direction de la Ka'ba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière. De nos jours, la mosquée se présente sous la forme d'un vaste quadrilatère de 180 mètres de lon sur 130 de large. elle compte dix-neuf nefs et plus de 850 colonnes surmontées par des chapiteaux de styles différents (troisième photo).

 

La tout première mosquée, qui date de 786, édifiée par Abd Al-Rahman 1er comprenait une cour carrée, la Cour des orangers (photo ci-dessous) entourée d'un mur d'enceinte et sur laquelle s'ouvrait entièrement la salle des prières. Celle-ci était de forme rectangulaire et était composée de onze nefs (chacune avec douze travées) placées face à la cour. Ces nefs étaient séparées par de fines colonnes de marbre provenant d'édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d'enceinte (aujourd'hui cloitre), à l'opposé de la salle de prière, se trouvait le minaret (aujourd'hui Tour-beffroi ou Tour du Minaret) en photo ci-dessous. Cette tour (qui englobe désormais l'ancien minaret, dont on peut voir le dôme sur la troisième photo, ci-dessous) peut être visitée et offre une vue imprenable sur la mosquée-cathédrale et le reste de la ville de Cordoue. Le successeur d'Abd Al-Rahman 1er, fut son fils, Hicham 1er, lequel fera réaliser plusieurs aménagements intérieurs comme ces galeries destinées aux femmes qui venaient prier et un bassin d'ablutions.


 

A l'arrivée au pouvoir d'Abd Al-Rahman II (fils d'Hicham 1er), en 833, on doubla la longueur des travées, qui seront allongées une dernière fois par Al-Hakam II (fils d'Abd Al-Rahman III), deuxième calife omeyyade de Cordoue, en 961. On reconstruisit à chaque fois le mihrab. Le mihrab actuel fut monté avec l'aide d'artistes byzantins envoyés à Cordoue par l'empereur de Byzance, Nicéphore II, à la demande du calife, et est coiffé d' une coupole énorme monolithique en marbre blanc superbement décorée de mosaïques inspirées des édifices religieux byzantins. En 987, Al-Mansour (chef militaire et homme d'Etat d'Al-Andalus, surnommé également le champion du djihad, à cause de ses nombreuses expéditions anti-chrétiennes) augmentera encore la surface de la mosquée, mais la proximité du fleuve Guadalquivir l'empêcha de rallonger l'ensemble. Il décidera donc de l'agrandir sur le versant est (on peut voir sur la photo ci-dessous un ancien mur extérieur de la mosquée, avant cet agrandissement) par l'ajout sur toute la longueur de l'édifice huit travées supplémentaires jusqu'à doubler pratiquement la surface d'origine. La mosquée possédait alors 600 colonnes en marbre sur lesquelles reposaient des arcades doubles en brique et en pierre blanche, permettant de supporter un plafond haut, et offrant à l'ensemble une impression de légèreté.

 

Lorsque la ville de Cordoue sera reprise, en 1236, par le roi Ferdinand III de Castille, on fit de l'ensemble à nouveau une église, puis une cathédrale. En entrant dans la ville, le roi avait souhaité que la Croix précède la bannière royale . Il symbolisait ainsi sa persévérance pour une reconquête de la foi chrétienne plutôt que pour une simple reconquête territoriale. Le roi désira aussi ne pas être présent lors du rituel de purification de la mosquée afin que le roi éternel fusse le seul protagoniste d'une cérémonie destinée à convertir chaque pierre de l'enceinte en un lieu consacré au Christ. Il s'agissait alors de reprendre possession d'un lieu sacré où s'était imposée la présence d'une foi étrangère à l'expérience chrétienne. Ainsi érigera t-on en 1236 le sanctuaire de Villaviciosa sous le lanterneau d'Alhakam II où sera célébrée la première eucharistie de consécration de la Cathédrale. Les modifications apportées à cette cathédrale symbolisent donc le besoin de restaurer le culte interrompu par la domination islamique. Lors des travaux, l'ouverture entre la salle de prière et la Cour des orangers fut murée, et on ne conservera qu'une seule porte d'accès de ce côté, la porte des Palmes (ci-dessous). Quelques rangées de colonnes furent abattues afin de dégager la place de la Chapelle royale (deuxième photo) décorée de stucs mudéjars. C'est là que furent enterrés Alphonse XI de Castille, puis Ferdinand IV de Castille en 1371. On divisa aussi la dernière travée d'Al-Mansour, à l'est, pour y délimiter les chapelles. Au XVI ème siècle, les chanoines du chapitres décidèrent de doter leur cité d'un édifice beaucoup plus somptueux. Et firent démolir une importante partie du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui donne l'impression d'être incrustée dans la mosquée (troisième photo), rompant ainsi l'équilibre des colonnes. Cette cathédrale est un mélange de styles gothique, renaissance et baroque et est magnifiquement décorée. On peut notamment y admirer une superbe coupole italianisante (ci-dessous), en grande partie l'oeuvre de la famille d'Hernan Ruiz. En effet, Hernan Ruiz le Vieux, architecte espagnol né à Burgos, figurera parmi les architectes les plus reconnus de la péninsule ibérique de la Renaissance, et participera entre autre à la construction de la Cathédrale de Cordoue dont il supervisera les travaux de 1523 à sa mort, en 1547. C'est lui qui traça les plans de l'édifice bâti au cœur de l'ancienne grande mosquée, éleva la Chapelle Majeure, et une partie du transept. Son fils, Hernan Ruiz le Jeune, lui succédera. La transformation de l'endroit ne plaira toutefois pas à tout le monde puisque Charles Quint dira : vous avez détruit ce que l'on ne voyait nulle part pour construire ce que que l'on voit partout. Ainsi s'envolait le vœu pieu d'Alphonse X qui avait souhaité que rien ne soit jamais transformé dans cette mosquée monumentale.


 

En ressortant de la mosquée-cathédrale, je traverse la Cour des orangers puis me dirige vers la Tour-Beffroi (ci-dessous) qui offre un point de vue magnifique sur les environs. Lors de sa visite, nous nous arrêtons à trois niveaux différents. A l'origine, se dressait à cet endroit un minaret, celui d'Abd Al-Rahman III, vers 951. Ce minaret comptait alors 107 marches et sa base était carrée. Sa partie supérieure abritait la chambre du muezzin, ouverte des quatre côtés. L'ensemble étant coiffé d'une coupole. La tour-beffroi fut quant à elle érigée dès 1593 par Hernan Ruiz III avec l'aide d'Asensio de Maeda. Peu de temps auparavant, le bâtiment avait souffert de détériorations. A sa base, la tour offre une porte nommée porte du Pardon. Celle-ci est malheureusement actuellement en réfection, mais cette porte fut toujours considérée comme l'accès principale à la mosquée-cathédrale. C'est par cette porte qu'évêques, rois et membres de la municipalité pénètrent dans l'enceinte. La porte rassemble plusieurs styles mais sa construction initiale eut lieu sous le règne d'Enrique II de Castille.


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Cathédrale de Cordoue, entrée par la rue Torrijos, à Cordoue. Tél:(+34) 957 47 05 12. De mars à octobre, la cathédrale est ouverte du lundi au samedi, de 10h00 à 19h00 et les dimanche et jours fériés, de 8h30 à 11h30 et de 15h00 à 19h00. De novembre à février, du lundi au samedi de 10h00 à 18h00, et les dimanche et jours fériés, de 8h30 à 11h30 et de 15h00 à 18h00. Entrée : 8€. Audioguides disponibles en plusieurs langues (Français, Espagnol, Anglais, Italien, Allemand, Arabe et Espagnol) : location pour deux heures de visite : 3,50€. Des visites nocturnes de l'endroit sont aussi possibles (se renseigner sur place ou sur le site internet). Le guichet d'achat du billet d'entrée pour la cathédrale est situé dans la Cour des orangers. Juste à côté se trouve un autre guichet destiné à la location des audioguides. Deux distributeurs de billets automatiques sont également disponibles. A l'entrée de la cathédrale, brochures en libre service dans les langues suivantes : espagnol, anglais, allemand, français, italien, japonais et arabe. La prise de photos avec ou sans flash est autorisée. Site internet : http://catedraldecordoba.es/

  • Tour Beffroi de la Cathédrale de Cordoue, à l'intérieur de la Cour des orangers, à Cordoue. De mars à octobre, la tour est ouverte du lundi au samedi, de 9h30 à 18h30 (départ des visites toutes les demi-heures) et les dimanche et jours fériés, aux mêmes horaires et conditions. De novembre à février, du lundi au samedi, visites de 9h30 à 17h30. Les dimanche et jours fériés, mêmes horaires et conditions. Entrée : 2 € (un guichet est spécialement dédié à la vente des billets d'entrée de la tour). Brochure en langue espagnole uniquement. Un guide accompagne les visiteurs au sommet de la tour mais ne fait pas de commentaire touristique ou historique. La visite vaut la peine pour prendre des photos. NB : les cloches de la Tour sonnent tous les jours à 9h30.








 



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