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Le Site archéologique de Madinat al-Zahra
(Cordoue, Andalousie, Espagne)
Heure locale


Samedi 22 novembre 2014

 

Madinat al-Zahra fut une cité califale érigée à partir de 936 par les Omeyyades d'Espagne durant le règne d'Abd al-Rahman III, pour sa favorite préférée qui s'appelait al-Zahra (mot qui signifIe « resplendissante »). Ce site archéologique ne se trouve qu'à une dizaine de kilomètres de Cordoue et j'arriverai juste pour l'ouverture du musée, ce qui n'est pas forcément un avantage, car il y a foule entre visiteurs individuels, familles et groupes. A vrai dire, le site est divisé en deux parties : le musée (les indications routières vous y conduisent directement) et le site archéologique à proprement parlé (emprunter la petite route immédiatement à gauche, en sortant du parking du musée, puis conduire sur deux kilomètres). Le musée est très bien fait. J'y passerai pratiquement une heure, à prendre des notes et des photographies sur cette exposition permanente qui est offerte aux visiteurs tout au long de l'année. Le discours de cette exposition s'articule en quatre parties, chacune avec ses propres ressources pour nous aider à comprendre l'histoire de cette ville califale et son importance dans le monde du X ème siècle. La première partie de cette exposition s'intitule Pourquoi Madinat al Zahra surgit-elle ? Le monde de Madinat al Zahrat nous en apprend davantage sur le contexte politique, économique et religieux de cette époque. La péninsule ibérique est alors sous domination musulmane depuis 711. Et Al-Andalous devient un foyer de haute culture au sein de cette Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant une riche période d'épanouissement culturel. Abd al-Rahman III fonde le califat de Cordoue. Depuis la chute des Omeyyades à Damas, les émirs d'Al-Andalous ont abandonné aux Abbassides de Bagdad le titre de calife, mais les choses vont changer. Et Abd al-Rahman III de se réapproprier ce tire de calife. Autoritaire, il dirige beaucoup par lui-même, embellit Cordoue et fixe sa résidence à Madinat al-Zahra, ville spécialement créée pour sa favorite. A l'époque, Cordoue, la ville aux « 3000 mosquées, aux 300 bains publics et 28 faubourgs » abritait un million d'habitants. La construction du palais de Madinat al-Zahra (deuxième partie de cette exposition) durera seize années et absorbera près d'un tiers du budget de l'Etat. Elle sera bâtie par les meilleurs ouvriers venus d'Orient et de Byzance, et deviendra une ville avec sa mosquée, ses habitations, ses jardins et ses commerces. Cette ville sera érigée d'après un plan en terrasses (voir la maquette de la ville ci-dessous) et comprendra trois zones : une partie consacrée à la représentation et aux cérémonies, une autre, chargée de mener à bien les tâches de gestion et de gouvernement, et une troisième correspondant à la résidence privée du calife, aussi surnommée Dar al Mulk. On créera des routes entre Madinat al-Zahra et l'extérieur (surtout Cordoue) et l'on pénétrait dans la cité par la porte nord (deuxième photo) alors point de contrôle. Les matériaux provinrent de différents endroits : le marbre blanc venait par exemple de Carthage, et les pierres calcaires, des alentours voire même du Portugal. Abd al-Rahman III verra la fin des travaux puisqu'il mourra en 961. Il laissera le pays à son apogée, et plus riche que jamais (en 951, le trésor national comptait plus de vingt millions de pièces d'or, soit trois fois plus que ses prédécesseurs). L'image de Madinat al Zahra apparaitra d'ailleurs sur les pièces de monnaie vers 947-948.

 

La troisième partie de l'exposition est dédiée aux habitants de Madinat al-Zahra. Il faut savoir que cette cité était divisée en deux zones distinctes : d'un côté la Médina (ville), de l'autre la résidence califale et entre les deux, la Mosquée Aljama (dont on n'a à ce jour retrouvé que 12% du total, comme sur la photo ci-dessous). L'ensemble était protégé par des murailles, des tours et des portes d'accès. La plus grande partie de la population vivait en ville. Les habitants étaient des oulémas, des militaires, les artisans du calife et les serviteurs de l'Alcazar (palais) et bien sûr les familles de tous ces gens. Le palais, lui, était habité par le prince héritier, les dignitaires de la cour, les membres du gouvernement, des précepteurs, la garde palatine et les serviteurs. Parfois, on y accueillait également vizirs et conseillers, et, bien sûr, la famille du calife lors des réceptions officielles. Quant à la mosquée, ce fut la première d'Al-Andalous à être orientée vers la Mecque. Bâtie en forme de rectangle, elle se situait entre les deux parties de la ville. En arabe, Aljama signifie « mosquée principale » (les autres mosquées étant appelées masyid).


 

Des trois terrasses s'étendant au pied de la sierra Morena, et des marbres sertis de rubis et de perles, il ne reste plus rien désormais, si ce n'est un vaste champ de ruines. Entièrement détruite et pillées lors d'une invasion berbère en 1010 due à une fitna, cette ancienne ville-palais, qui aura vécu soixante dix ans en tout et pour tout, est aujourd'hui devenue un site archéologique en cours de restauration. A l'époque, la cité s'étendait sur 112 hectares, avec sa mosquée, ses bains et ses souks mais jouait également un rôle de protection des gens du pouvoir compte tenu de l'agitation perpétuelle qui régnait à Cordoue. Outre ses différents bâtiments (ci-dessous, un bâtiment administratif), Madinat al Zahra disposait d'un immense jardin et de vergers. La deuxième photo ci-dessous décrit plus clairement ce qu'était la cité avec ses différents éléments (je suis toujours surpris de la dose d'imagination qu'il faut déployer au milieu d'un champ de ruines afin de concevoir ce qu'avait pu être l'existence de ces gens qui vivaient à ce endroit avant que tout s'écroule!). Sur place, aucun plan n'étant disponible, le visiteur doit se contenter de suivre un parcours fléché et de s'arrêter pour lire les quelques informations données sur le site en question. Cela manque manifestement de professionnalisme. Par ailleurs, le site archéologique étant perpétuellement en travaux, je n'ai pas pu accéder aux vestiges de deux pavillons toujours debout. Tous deux possèdent pourtant une structure similaire composée de cinq nefs parallèles précédées par un portique. Point de salon doré non plus. C'est dommage car c'est le mieux conservé des deux et la richesse de sa décoration révèle la maitrise technique et artistique atteinte par les artisans, du temps d'Abd al-Rahman III : marbres blancs pour les sols et les bases, marbres gris ou roses pour les socles et les colonnes, grès des ornements représentant des motifs floraux ou géométriques, des figures simples ou juxtaposées ou encore des feuilles d'acanthe ou de vigne. Mais ce sont encore les grands pilastres ornant l'entrée qui constituent l'aspect le plus joli.


 

L'histoire de la récupération de Madinat al Zahra débuta en 1911. Dans les années 1940, la grandeur du gisement archéologique, l'un des plus grands d'Europe, prit de cours les archéologues qui furent débordés lorsqu'il fallut stocker et exposer le résultat des excavations entreprises. Plusieurs décennies durant, aucune solution viable ne fut trouvée et il y eut entre temps transfert des compétences au gouvernement andalou (Junta de Andalucia) pour résoudre les diverses nécessités que la recherche, les investigations, la conservation des découvertes et la mise à disposition du public impliquaient. Le musée vit le jour à la suite de cette réflexion. Il fut créé afin d'éclairer le public sur les travaux archéologiques entrepris et de ce point de vue, je dois dire que c'est une réussite. A ce jour, seuls 11% de la superficie totale de l'ancienne a été explorée et 5% seulement de celle-ci, ouverte au public.


 

INFOS PRATIQUES :


  • Site archéologique Madinat al Zahra, Route de Palma del Rio, au km 5,5, à Cordoue. Tél:(+34) 957 104 933. Accès: sur l'autoroute E5, emprunter la sortie 405 puis prendre la A-431 (route de Palma del Rio) et suivre les panneaux. Les indications routières mènent directement au musée : du 1er mai au 15 septembre, celui-ci est ouvert du mardi au samedi de 10h00 à 20h30, et le dimanche et jours fériés, de 10h00 à 14h00. Du 1er janvier au 30 avril et du 16 septembre au 31 décembre, ses horaires d'ouverture sont de 10h00 à 18h30 du mardi au samedi et de 10h00 à 14h00 le dimanche et jours fériés. L'entrée est gratuite pour les ressortissants de l'Union européenne (sur présentation d'une pièce d’identité), ou 1,50€ pour les autres visiteurs. Prise de photographies autorisée sans flash. Cafétéria et boutique sur place. Brochure du musée disponible en espagnol, anglais et français. Site internet : http://www.museosdeandalucia.es/culturaydeporte/museos/CAMA/


  • Après la visite du musée, un autobus de couleur verte emmène les visiteurs jusqu'au site archéologique à proprement parlé. Prix du billet A/R : 2,10€ (prévoir la monnaie). Durée du trajet : 5 minutes. On peut aussi se rendre au site en voiture mais celui-ci ne dispose que d'un petit parking, vite rempli. On peut enfin s'y rendre à pied (2 kilomètres seulement) mais ça monte à l'aller. Conserver le ticket du musée car contrôle à l'entrée du site archéologique.







 



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