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Exposition "Hokusaï"
(Grand Palais, Paris, France)
Heure locale

Lundi 22 décembre 2014

 

Profitons de ces fêtes de fin d'année pour nous rendre à l'exposition Hokusaï, qui se tient actuellement et jusqu'au 18 janvier prochain au Grand Palais. Les six périodes de la vie de Hokusai, ce célèbre peintre, dessinateur et graveur japonais y sont abordées, et permettent d'admirer plusieurs séries d'estampes (dont des prêts exceptionnels de la collection des Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles), mais aussi des livres, de nombreuses peintures, parfois inédites, et de précieux dessins préparatoires. Plus de 500 pièces sont ainsi présentées, par rotation d'oeuvres. En effet, l'exposition présente deux volets comprenant chacun 320 œuvres de Hokusai : pour cette deuxième partie visible jusqu'au 18 janvier, le visiteur pourra admirer 145 œuvres communes aux deux volets ainsi que 47 œuvres de la partie évoquant Hokusai et la France. Dépassant les clichés et les images les plus emblématiques, cette exposition met en lumière la vie et l'oeuvre de cet artiste très prolifique qui changera plusieurs fois d'identité durant sa carrière.

Tout commence en 1760, avec la naissance de Hokusai sous le nom de Tokitaro. Jamais artiste japonais n'aura été à la fois plus admiré en Occident et plus contesté au Japon. Katsushita Hokusai, l'un des plus grands artistes qu'Edo (Tokyo) ait engendrés nous a légué une œuvre monumentale et très diversifiée. Edo est alors une vile en pleine croissance mais aussi le théâtre du développement d'une vraie culture populaire de l'image. Celui qui était connu sous le surnom de « Vieux Fou de la peinture » sera à la fois peintre, dessinateur spécialiste de l'ukiyo-e, graveur et auteur d'écrits populaires japonais. Son œuvre influencera de nombreux artistes européens comme Gauguin, Vincent Van Gogh ou Claude Monet. Après 1800, il lui arrivera de signer ses travaux à l'aide de son pseudonyme « le Fou de peinture ». C'est lui qui inventera également le mot manga (qui signifie esquisse spontanée). Il nait de parents inconnus, dans le quartier de Warigesui, district de Honjo à Edo. Et est adopté, à l'âge de trois ans, par une famille d'artisans. Celui qu'on appelle alors Tokitaro manifeste rapidement des aptitudes pour le dessin et déjà beaucoup de curiosité pour la peinture. Dès 1775, il gravera seul les six dernières feuilles d'un roman humoristique de Sancho. Et d'intégrer trois ans plus tard, l'atelier du maitre Katsukawa Shunsho, un peintre d'estampes ukiyo-e, célèbre pour ses portraits d'acteurs de kabuki et spécialiste de portraits de comédiens. En 1779, notre homme produit une série de ces portraits sous le nom de Katsukawa Shunro. A la mort de son maitre, Hokusai traversera une période d'extrême pauvreté, période qu'il mettra à profit afin d'étudier les techniques des écoles de Kano Yusen, Tsutsumi Torin et Sumiyoshi Naiki. En 1794, il intégrera l'école classique du clan Tawaraya de l'école Rimpa (une des écoles majeures de la peinture japonaise décorative de l'époque). Il prend alors le nom de Sori pour illustrer le recueil poétique Kyoka Edo no Murasaki, son premier succès. Le kyôka est un poème court, pastiche de poèmes classiques dont raffolent alors les Japonais. Trois années durant, de 1796 à 1799, il produira plusieurs albums ,estampes (appelées surimono, des gravures en une seule feuille destinées à un usage privé) et des eyogomi (calendriers illustrés). C'est à cette époque qu'il adoptera le nom de Hokusai (Le Fou de peinture) et s'installera en tant qu'artiste indépendant. Il réalisera durant cette période des estampes commerciales à bon marché, portraits d'acteurs, de jolies femmes, de guerriers célèbres, tout en traçant des illustrations pour divers livres imprimés


En 1804, l'artiste peint un daruma géant (de plus de 240 m2), une de ces figurines creuses de forme arrondie et sans bras ni jambes, au moyen d'un balai et d'un sceau d'encre de Chine, dans la cour du temple d'Edo. Il réitérera cet exploit en 1817 à Nagoya. Dès 1810, il crée le nom de Taito et se spécialise dans les manuels de peinture. Il contribuera aussi à l'essor des livres de lecture (yomihon), des fictions longues contenant des intrigues épiques et fantastiques qui deviendront très populaires auprès des habitants d'Edo. Parallèlement, il publiera des manuels à l'usage des jeunes artistes, pouvant faire office de recueils de modèles pour les artisans. Puis, deux ans plus tard, commence à parcourir le Japon, depuis l'ancienne capitale de Kyoto jusqu'à Edo, la ville nouvelle. Lors d'un arrêt à Nagoya, il fera la connaissance de Bokusen, un autre artiste. C'est sur les conseils de ce dernier qu'il publie alors, en 1814, son premier carnet de Hokusai Manga, recueil de ses innombrables croquis originaux et marginaux. On assiste alors à une prouesse du genre, qui rassemble plus de 3900 dessins d'une étonnante variété, allant de la description des mœurs urbaines à d'inattendues légendes ou décrivant le monde des religions. Aujourd'hui encore, ces dessins font figure d'encyclopédie du vivant et de la vie quotidienne du Japon à l'époque Edo. Manuels d'apprentissage ou recueils de modèles, ces manga deviennent un objet de délectation.La publication de cette série de livres d'images comprendra douze volumes et s'étendra jusqu'en 1834. A l'âge de 60 ans, Hokusai prend le nom de litsu afin de marquer son passage dans un âge nouveau, période durant laquelle il se consacrera à l'illustration d'ouvrages à travers les nishiki-e, des estampes en couleurs. Il réalisera alors ses oeuvres les plus célèbres. C'est entre 1830 et 1834 qu'il publiera les Trente-six vues du Mont-Fuji, œuvre qui lui vaudra une reconnaissance mondiale. Il utilise alors le bleu de Prusse introduit au Japon quelques années auparavant. Dès 1830, il se lance ainsi dans la production d'une série d'estampes avec ponts, cascades et oiseaux, rompant avec la tradition de l'ukiyo-e, et produit les Voyages au fil des Cascades des différentes provinces. Cette période Iitsu se caractérise par un regain d'activité dans le genre de surimono et par la force et l'originalité de ses peintures (l'artiste excelle alors dans le maniement du pinceau et de l'encre de Chine). En 1834, Hokusai quitte Edo et se retire une année durant à Suruga, dans la péninsule de Miura, au sud de la nouvelle capitale nippone. Il publie l'année suivante les Cent vues du Mont-Fuji. Et utilisera pour l'occasion, et pour la première fois, la signature Gakyo Rojin Manji, s'éloignant alors du monde de l'estampe pour se consacrer davantage à la peinture, à travers des représentations du monde animal ou végétal, ou de sujets religieux. A 80 ans, l'artiste indique sur la plupart de ses œuvres la date précise de leur réalisation.


 

Il rentre à Edo en 1836, année de grande famine dans la capitale. Il survivra grâce à la vente de ses œuvres contre un peu de nourriture et met un terme à sa série de Cent Poètes et Poèmes, à la vingt-septième planche. C'est à ce moment-là qu'un jeune artiste, Hiroshige Ando vient concurrencer sa célébrité : ce dernier se distinguera par plusieurs séries d'estampes sur le Mont Fuji et sur la ville d'Edo, reproduisant de façon évocatrice les paysages et l'atmosphère de la ville, en s'inspirant des scènes de la vie quotidienne avant sa transformation sous l'ère Meiji. 1839 sera pour Hokusai une année d'épreuves puisque son atelier sera détruit par un incendie, emportant ainsi les travaux accumulés des dernières années. Cela n'empêchera pas l'artiste de produire toujours et encore, jusqu'à sa mort en 1849. Il fera son dernier voyage en 1845, afin de rendre visite à un ami dans la province de Shinano. Et exécutera pour l'occasion quelques peintures dans un temple. A son décès, ses cendre seront déposées dans un tombeau du temple Seikio-ji, située dans le quartier d'Asakusa à Edo, endroit où il passa la majeure partie de son existence. Il laissera derrière lui une œuvre comprenant 30 000 dessins, et quelques regrets, puisque les dernières paroles prononcées sur son lit de mort seront celles-ci : Encore cinq ans de plus et je serais devenu un grand artiste.


 

Nous l'avons évoqué plus haut, l'exposition consacre un volet à Hokusai et la France. En 1858, un traité d'amitié et de commerce est signé entre le Japon et notre pays, ouvrant ainsi des relations diplomatiques entre les deux nations. La découverte de l'art japonais constitue alors un grand choc culturel pour les Français. Les ukiyo-e (estampes du monde flottant) fascineront les collectionneurs les plus éclairés. Tout comme ces livres illustrés utilisés comme matériau d'emballage pour protéger les fragiles céramiques nippones. La découverte, par hasard, d'un volume des Manga de Hokusai, par Félix Bracquemond, à la fin des années 1950, fera figure d'évènement fondateur dans le mythe de l'artiste. Peintres et dessinateurs français découvrent alors les petits dessins de Hokusai, comme par exemple les trente-six vues du Mont Fuji, ainsi qu'un vocabulaire inédit à étudier ou à copier dans leurs propres œuvres, et s'aperçoivent de la très grande richesse de l'oeuvre de ce grand artiste protéiforme japonais. Sans aucun doute, cette exposition fera date dans les nombreux nombreux évènements que nous offre le Grand Palais !

 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Exposition « Hokusai », au Grand Palais, 3 Avenue du Général Eisenhower à Paris (8è), jusqu'au 18 janvier 2015. Tél : 01 44 13 17 17. Cette exposition est accessible pendant les vacances de Noël tous les jours de 9h00 à 22h00 (sauf le mardi). Fermeture anticipée le 31 décembre à 18h00 et le 4 janvier 2015 à 20h. Fermée le 25 décembre. Tarif : 13€ (pour un euro de plus, il est aussi possible de réserver son entrée en se rendant sur le site internet). Audioguides en français, anglais et japonais, et audiodescription (location: 5€). Accès par le métro Champs-Elysées-Clémenceau (ligne 1 et 13), et Franklin-Roosevelt (ligne 9). Prie de photos interdite. Site internet : http://www.grandpalais.fr

  • Catalogue de l'exposition, 50€. Le Petit Dictionnaire Hokusai en 48 mots, 12€. Hokusai et le Cadeau de la Mer, 14€. Par ailleurs, une application de cette exposition pour Ipjone et Androïd.

  • Programmation culturelle : Films du vendredi 12h, dans le cadre du Festival du film japonais contemporain Kinotayo, le 9 janvier 2015. Projection du fil de l'exposition « Visite à Hokusai », à l'auditorium Champs-Elysées jusqu'au 2 février 2015. Infos sur http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/la-visite-hokusai











 



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