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Les Appartements Impériaux
(Palais de la Hofburg, Vienne, Autriche)
Heure locale


Lundi 19 janvier 2015

 

Voici maintenant la visite des appartements impériaux du Palais de la Hofburg. Celle-ci débute par la chambre des Trabans. C'est de cet endroit que le visiteur passe du musée de Sissi aux appartements historiques du couple impérial, d'abord dans celui de François-Joseph, ensuite, dans l'appartement privé d'Elizabeth.

L'empereur François-Joseph choisit d'occuper l'aile de la Chancellerie abritant les locaux administratifs ainsi que ses appartements privés où il résidera jusqu'à sa mort, en 1916. L'empereur accordait des audiences dans une salle prévue à cet effet, et ce, deux fois par semaine. Les entrevues étaient annoncées dans la gazette viennoise. Celui ou celle qui avait obtenu un rendez-vous chez l'empereur accédait à cette pièce des audiences par le majestueux escalier impérial, ou il (ou elle) attendait d'être introduit dans la salle d'audience. Sur les murs, se trouvent encore aujourd'hui trois peintures monumentales réalisées en 1832 par Johann Peter Krafft. Ces tableaux représentent des épisodes de la vie de l'empereur François II et François 1er, le grand-père de François-Joseph. Là, l'empereur recevait debout les solliciteurs et c'est lui qui prenait la parole. Sur le pupitre était posé la liste d'audience, l'ordre successif des quémandeurs et leurs requêtes. Dans ce cabinet, on pouvait se présenter à l'empereur, le remercier pour une distinction accordée, lui demander grâce pour soi, ou pour les membres de sa famille, ou bien encore exposer une affaire précise. Comme l'empereur François-Joseph recevait jusqu'à cent personnes en une matinée, ces audiences ne duraient généralement que quelques minutes et s'achevaient sur un petit signe de tête de l'empereur.


 

C'est dans la salle des conférences (en photo ci-dessus) que se déroulaient les conférences ministérielles appelées « Minister Conseils » et toujours présidées par l'empereur. Dans une niche située sur un mur du fond se trouve encore le buste en marbre et le sabre d'honneur du feld-maréchal Radetzky, l'un des plus célèbres chefs militaires de la monarchie. Ce qui immortalisera ce dernier sera pourtant la marche de Radetzky, composé par Johann Strauss père. Quant aux tableaux, ils représentent des scènes de batailles de la révolution hongroise de 1849. Par la porte ouverte dans le fond de la salle, je peux apercevoir au passage la garde-robe impériale, dans laquelle se trouvaient les armoires et les commodes abritant les vêtements de l'empereur. François-Joseph portait essentiellement l'uniforme. Et ne s'habillait en civil que lorsqu'il entreprenait des voyages privés. Quand il partait à la chasse, il portait des culottes de cuir, un veston vert, des chaussures de montagne et le chapeau styrien.


 

François-Joseph prenait très au sérieux ses responsabilités de souverain d'un empire pluriethnique. Selon lui, son rôle consistait moins en une représentation pompeuse qu'en une fonction publique et il s'est toute sa vie considéré lui-même comme le premier serviteur de son empire de plus de 56 millions d'habitants. Aussi passait-il chaque jour des heures dans son cabinet de travail (ci-dessus) pour étudier tous les documents qu'il devait signer. Sa journée de travail débutait à cinq heures du matin et ne se terminait que tard dans la nuit, après diners, réceptions et bals. Derrière la table de travail, on peut voir des portraits d'Elisabeth brossés par Franz Xaver Winterhalter sur lesquels elle a les cheveux dénoués. Ces tableaux étaient les préférés de l'empereur. La porte du fond observable mène au logement du valet de chambre Eugen Ketterl, affecté au service personnel de François-Joseph et toujours à disposition de l'empereur. C'est lui qui lui apportait son petit-déjeuner et des collations à sa table de bureau.


 

Quand le couple impérial cessa de faire chambre commune, une chambre (ci-dessus) fut aménagée en chambre à coucher pour l'empereur. Ce simple lit en fer témoigne du mode de vie spartiate de François-Joseph. Levé bien avant l'aube, l'empereur ne s'accordait qu'une heure de repos supplémentaire, après les grandes fêtes. Il prenait d'abord un bain dans une baignoire en caoutchouc qu'on venait installer chaque jour dans sa chambre, et était alors assisté par un valet de bain. L'austérité de la table de toilette située à côté du lit utilisée pour l'hygiène quotidienne montre que François-Joseph refusait tout signe de luxe. Une fois qu'il était habillé, il s'agenouillait sur le prie-Dieu, placé à droite de son lit, et effectuait sa prière quotidienne du matin. Son petit-déjeuner lui était ensuite servi dans son cabinet de travail.


 

L'aménagement du grand salon (ci-dessus en photo), tout comme l'aménagement de l'ensemble de l'appartement impérial, remonte pour une bonne part au XVIIIè siècle, tandis que le mobilier provient, lui, de l'époque de François-Joseph. Ce grand salon était également équipé d'un poêle en faïence, alimenté comme tous les autres au bois mais exclusivement entretenus de l'extérieur par les domestiques impériaux préposés au chauffage. Ils devaient emprunter un passage situé derrière les pièces pour ne pas salir ces dernières. A partir de 1824, fut installé un chauffage à air chaud construit selon le principe du Professeur Meissner , et les poêles d'être alimentés en air chaud par des conduites centrales.

Plus loin, on trouve le petit salon, servant de salle commémorative de Maximilien, empereur du Mexique. Du temps de François-Joseph, cette pièce servait de fumoir où les messieurs pouvaient se retirer car il était inconvenant de fumer devant les dames. Aujourd'hui, l'endroit est dédié à la mémoire de Maximilien, empereur du Mexique et frère cadet de l'empereur. Sur le mur, on observe le portrait de Maximilien, celui-là même qui, en 1864, accepta la couronne impériale mexicaine et partit pour le Mexique en compagnie de son épouse Charlotte de Belgique, qui l'avait poussé à accepter le titre d'empereur malgré la situation politique délicate sur place. C'est la France qui retirera son soutien promis à Maximilien, livrant ainsi le nouvel empereur aux révolutionnaires commandés par Benito Juarez qui l'arrêtèrent et le fusillèrent en 1867. Ce petit salon représentait la dernière pièce des appartements de François-Joseph.

Pénétrons maintenant dans les appartements privés d'Elisabeth. A partir de 1857, l'impératrice occupa l'étage principal du Palais d'Amélie, plus exactement les pièces contigües aux appartements de l'empereur. La même pièce servait de salon privé et de chambre à coucher. Le lit (ci-dessous) occupait alors le centre de la pièce et était dissimulé par un paravent. C'est à sa table de travail qu'Elisabeth rédigeait sa correspondance et ses nombreux poèmes. Non loin de là, le cabinet de toilette et de gymnastique représentait l'espace le plus important et le plus intime de l'impératrice. C'est là qu'elle passait le plus clair de son temps, assise deux à trois heures par jour pour se consacrer à l'entretien de sa chevelure, s'initiant pendant ce temps à l'apprentissage des langues étrangères ou à la Grèce antique ou la mythologie. Elisabeth parlait parfaitement le français, l'anglais et le hongrois. De même, durant ses longues séances de coiffure, elle se faisait lire des passages de l'Odyssée d'Homère et des extraits de l'Iliade par son lecteur grec, Constantin Chritomano (qui corrigeait aussi ses exercices de grec, moderne et ancien). Dans cette pièce, l'impératrice effectuait également ses exercices physiques quotidiens pour rester mince et conserver un corps souple. Juste à côté de ce cabinet de toilette se trouvait un W.C en porcelaine présentant la forme d'un dauphin. Elisabeth fut aussi le premier membre de la famille impériale à se faire installer une salle de bains moderne, en 1876 (ci-dessous, en deuxième photo). Celle-ci fut aménagée derrière son cabinet de toilette. On y aperçoit encore la baignoire en cuivre galvanisé, dont la robinetterie et le revêtement manquent malheureusement aujourd'hui. Elisabeth y prenait ses bains, souvent des bains de vapeur, des bains d'huile ou des bains froids pour stimuler la circulation sanguine. Elle y lavait aussi ses cheveux avec un mélange spécialement conçu pour elle, composé de jaunes d'oeufs et de cognac. Ce lavage des cheveux prenait une journée entière. Le revêtement de sol était fait de linoléum (une nouveauté pour l'époque). Une autre porte menait aux deux chambres Bergl, pièces qui servaient probablement jadis de cabinet d'habillage pour l'impératrice.

 

Ces chambres (en photo ci-dessous) portent le nom du peintre Johann Bergl qui conçut la décoration de ces pièces en 1766. Les murs entièrement recouverts de peintures nous transportent dans un monde exotique caractérisé par une faune et une flore très abondantes. En regardant bien, vous y verrez des petits oiseaux, des papillons et des fruits exotiques qui donnent l'impression d'animer ce paysage fantastique.


 

Vient ensuite le grand salon (première photo ci-dessous), dont Elisabeth se servait comme salon de réception. La statue en marbre dans le coin représente Polyhymne, muse de la rhétorique. Elle fut réalisée par Antonio Canova et fut offerte par le royaume lombardo-vénitien à l'empereur François II/1er. La table, dressée pour le petit-déjeuner rappelle que le couple impérial prenait de temps à autre un petit déjeuner commun. La pièce suivante est le petit salon (deuxième photo ci-dessous), une pièce qui était autrefois décorée avec des tableaux représentant François-Joseph et ses enfants Gisèle, Rodolphe et Marie-Valérie. Par l'escalier de l'aigle, situé dans l'aile de Léopold, adjacente, l'impératrice accédait à ses appartements après avoir traversé la pièce de la garde puis l'antichambre. Les peintures sur les murs nous rappellent le XVIIIè siècle avec Marie-Thérèse. Sous le règne de François-Joseph, cette époque constituait, à la Cour de Vienne, le modèle exemplaire d'aménagement intérieur de style néorococo. Deux des tableaux présentent les célèbres opéras « Il Parnasso confuso » de Gluck, et 'Il Trionfo d'amore » de Gassmann, qui furent représentés par les enfants de Marie-Thérèse . Sur l'un d'eux, on aperçoit Marie-Antoinette, la fille cadette de Marie-Thérèse, en ballerine.

Les pièces du Palais d'Amélie, situées au nord, furent occupées par le tsar Alexandre lors du congrès de Vienne, qui se tint de 1814 à 1815 lorsque toutes les têtes couronnées d'Europe se réunirent dans la capitale autrichienne après le chute de Napoléon, pour procéder à un nouveau partage de l'Europe. A l'époque où l'impératrice Elisabeth résidait dans le Palais d'Amélie, elle y organisait des réceptions privées. Ce même palais qui servira d'ailleurs de locaux administratifs au dernier empereur d'Autriche, Charles 1er, entre 1916 et 1918.

Le salon rouge, lui, servit en dernier lieu de salon de réception à l'empereur Charles 1er, et est agrémenté de précieuses tapisseries de la manufacture des Gobelins de Paris, tissées en 1772 et 1776. Les médaillons s'inspirent de tableaux de François Boucher, tandis que les meubles, le paravent et le garde-feu sont tendus de Gobelins. L'ensemble faisait partie du présent que Louis XVI offrit à son beau-frère, l'empereur François-Joseph II.


 

Sur la photo ci-dessous, on peut voir une table dressée pour les grands diners de famille à l'époque de François-Joseph. Les diners de gala étaient exclusivement organisés dans les grandes salles de fête de la résidence. La table, telle que présentée ici, est dressée selon les règles de la plus haute étiquette de table. Elle était toujours décorée de manière festive, avec, au milieu, des surtouts dorés ornés de fleurs, de fruits et de friandises. Des serviettes de Damas pliées avec art étaient placées sur des assiettes d'apparat en argent. Les couverts étaient mis pour un seul plat. On utilisait des assiettes en porcelaine pour la soupe et le dessert, mais des assiettes en argent pour tous les autres services. Le couvert en argent était orné de l'aigle bicéphale. Chaque plat était accompagné d'un vin différent, servi dans un verre spécifique, comme ce verre de couleur verte qui était réservé au service des vins rhénans. Chaque convive disposait de sa propre carafe de vin et d'eau ainsi que d'une coupe de sel. Pour que les plats soient toujours servis chauds, les personnels des cuisines de la Cour les plaçaient dans des caisses chauffées servant à transporter ces plats dans les appartements, tout en les maintenant dans une pièce attenante à la bonne température, grâce à des chauffe-plats alimentés au charbon, puis, plus tard, au gaz.

L'empereur était assis au milieu de la table, avec, en face de lui, l'invité d'honneur, suivi des autres convives, en fonction de leur degré de parenté ou de leur rang. On plaçait toujours un monsieur à côté d'une dame. Et la conversation, d'être autorisée uniquement entre voisins de table. Les hôtes étaient servis en même temps que l'empereur, lequel mangeait tout de suite. Le plat étant supposé être terminé au moment où l'empereur reposait son couvert et que l'on débarrassait la table à ce moment-là, ce dernier avait la délicatesse d'attendre que ses convives aient terminé leur plat pour reposer son couvert. Un diner se composait généralement de neuf à treize plats et durait 45 minutes maximum. Café et liqueurs étaient ensuite servis dans une autre pièce où les messieurs avaient le droit de fumer.


 

INFOS PRATIQUES :


  • Palais de la Hofburg, Michaeleplatz 1, à Vienne. Tèl : +43 1 533 75 70. Métro : Herrengstrasse. Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h30 (jusqu'à 18h00 en juillet et en août). Le billet d'entrée à 11,50€ permet l'accès à la collection d'argenterie, au musée Sissi et aux Appartements impériaux. Audioguide inclus. Un billet à 25,50€ offre les mêmes prestations + accès au Musée du meuble de Vienne + Grand Tour du Château de Schönbrunn. Site internet : http:///www.hofburg-wien.at

  • Prise de photographies interdite








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