Revoir le globe
Top


Orthez
(Pyrénées Atlantiques, France)
Heure locale


Mardi 26 mai 2015

 

Me voici cette fois à Orthez, ancienne résidence des vicomtes de Béarn. Cette ville peut s'enorgueillir d'appartenir au nombre des cités béarnaises dont le nom demeure le plus anciennement dans le temps. Capitale du Béarn durant deux siècles, Orthez doit beaucoup à son bâtisseur, Gaston VII de Moncade. Né vers 1225, cet homme sera à la fois vicomte de Béarn, d'Oloron, de Gabarret, vicomte de Marsan, comte en partie de Bigorre, et baron de Moncade et de Casteviel. Il était le fils de Guillaume II de Béarn. Fortement secouée par les guerres de religion en 1569, puis déchue de son titre de capitale, mais dotée d'une université protestante, la ville d'Orthez restera cependant l'une des villes les plus importantes du Béarn. Elle sera aussi un Etat indépendant jusqu'en 1620. Le 27 février 1814, aura lieu la bataille d'Orthez, aboutissant à la victoire des Alliées alors commandés par Wellington, sur l'armée napoléonienne de Soult.

Je gare mon véhicule sur le grand stationnement gratuit du Foirail, puis pars à la recherche de l'office de tourisme. Celui-ci a trouvé refuge dans ce qui fut jadis la maison de Jeanne d'Albret (ci-dessous). Cette riche demeure bourgeoise du XVI ème siècle fut l'objet d'un don d'Arnaud de Gachissans au roi Antoine de Bourbon et à Jeanne d'Albret en vue d'obtenir des lettres d’anoblissement. Je remarque immédiatement la tourelle d'entrée, et la façade nord qui se situe le long de la rue Roarie. La tourelle octogonale abrite un superbe escalier à vis, et ses façades sont percées de fenêtres à meneaux. En quittant le bureau de l'office de tourisme côté jardin, je pourrai admirer le colombier ainsi que le magnifique jardin à la française (deuxième photo).


 

Revenons quelques instants sur l'histoire d'Orthez : les plus anciens vestiges de la cité ne remontent pas au-delà du XI ème siècle. Il s'agit de deux églises romanes, dont l'une est encastrée dans l'actuelle église Saint Pierre (ci-dessous). La construction de celle-ci débuta à l'époque par le choeur, au XIII ème siècle, pour se terminer un siècle plus tard avec un changement de style architectural entre temps. En effet, sa voûte de 18 mètres de haut est audacieuse et plus haute que celle des autres églises du Béarn. Le lieu de culte sera confisqué au XVI ème afin d'être transformé en lieu de culte protestant. Cette église subira plusieurs restaurations, à la suite des guerres de religion, puis en 1865 lors de son agrandissement. C'est à ce moment-là que sera construit le clocher au-dessus du portail d'entrée.


 

Orthez résulte à l'origine de l'union de deux bourgs, avec création d'un conseil municipal. Le blason de la ville affiche d'ailleurs la couleur avec la présence d'un pont à tour et des clés de Saint-Pierre. Gaston III de Foix-Béarn fera le choix d'y construire un château qui lui servira d'ailleurs de résidence principale, dans les années 1250. C'est à ce moment-là que l'ancienne palissade en bois (qui était faite pour défendre le bourg Vieux) sera remplacée par un rempart et que le Pont-Vieux(ci-dessous) sera érigé, formant une véritable porte fortifiée au-dessus du gave de Pau. Ce pont, qui date des XIII et XIV ème siècles résistera à deux importants assauts. Le premier se produisit en 1569, alors que les troupes protestantes de Montgomery avançaient après la bataille d'Orthez, et précipitaient les prêtres dans le Gave, par une ouverture (appelée la fenêtre des prêtres) dans le parapet aval, au droit de la clé de la travée principale, et le second, en février 1814, avec l'avancée des troupes du duc de Wellington à la poursuite des troupes napoléoniennes en retraite. Le 27 février, 45 soldats de l'arrière-garde de l'armée du maréchal Soult qui étaient retranchés dans la tour du pont résistèrent une journée durant aux attaques de l'armée anglaise au cours de la célèbre bataille. Jadis, le Pont-Vieux possédait deux tours, mais il reste aujourd'hui remarquable avec ses arches inégales, ses quatre travées maçonnées et sa tour centrale fortifiée. Ce pont se trouve sur la route vicomtale qui conduisait autrefois à Roncevaux. La tour fut restaurée en 1873 d'après les plans d'origine, tandis que le toit et le crénelage sont modernes. L'ouvrage mesure 46 mètres de long.


 

Bien que la résidence des vicomtes de Béarn ait été transférée à Pau en 1460, la cité d'Orthez restera pendant tout l'Ancien régime la plus grande ville mais aussi la plus dynamique du Béarn. Ce matin, se tient le marché. Je suis impressionné par le nombre d'étals dans les rues. Rien d'étonnant à cela car Orthez restera longtemps la ville où seront acheminés tous les produits de la région destinés à être exportés vers le port de Bayonne. Elle prospérera économiquement durant les XVII et XVIII ème siècles grâce à la relance du commerce atlantique. C'est à cette époque que les commerçants faisant fortune transformeront les façades de leurs maisons qui étaient en bois et en torchis, en de beaux murs de pierre, et les toits, refaits à l'aide de tuiles en terre cuite. Je m'arrête quelques instants à la salle de la Moutète, qui fut autrefois restaurée et est désormais utilisée à la fois comme marché couvert et comme salle des sports, tout particulièrement pour l'équipe de base-ball. Tout près de cette salle s'élève la maison Batcave (ci-dessous), du nom du grand historien Louis Batcave, lequel ne sera pas témoin de la bataille d'Orthez, mais entendra très jeune des relations de son grand-père lui relater cette bataille, ainsi que l'existence des vestiges. Notre homme était en effet né en 1863, mais s'intéressera beaucoup à l'histoire de sa ville. C'est dans cette grande maison que vivra sa famille.


 

Une autre maison ancienne attire mon attention : l'Hôtel de la Lune (ci-dessous), situé au 14, rue de l'Horloge. Cette demeure reste l'un des fleurons architecturaux d'Orthez. Maison fortifiée datant du XIII ème siècle, le lieu sera réaménagé plus confortablement au XV ème, jusqu'à servir de halte pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Ces pèlerins occupaient alors le deuxième étage de la maison. On prétend que Jean Froissart, chroniqueur à la cour de Gaston Fébus, serait descendu à cet endroit.

Je me dirige maintenant vers la tour du Château de Moncade (deuxième photo). Celle-ci fut édifiée vers 1242 par Gaston VII de Moncade sur un emplacement stratégique, endroit de toute évidence déjà fortifié depuis les temps anciens. Gaston Fébus complétera les fortifications du château jusqu'à lui donner sa forme définitive, et même en faire le siège de sa cour fastueuse. Cette forteresse était protégée par trois lignes de fortifications, dont un fossé maçonné taillé en V (troisième photo). Un corps de logis protégeait la porte d'entrée du donjon. Quant au rez-de-chaussée du donjon, il était de forme pentagonale, ne disposait pas de porte, et servait de prison. Le premier étage, lui, faisait office de salle des gardes. La construction mesurait 31 mètres de haut. La Révolution française fut fatale au château qui sera alors vendu à des démolisseurs. Seule la tour survivra. Elle sera restaurée en 1845. De son côté, le fossé médiéval fut exhumé en 1989, grâce à l'Association du Vieil Orthez. Construit entre les XIII et XIV ème siècles, il se révéla longtemps comme un redoutable piège car l'escalade de sa contrescarpe était malaisée. Une fois dans le fossé, l'ennemi était atteint par les flèches, sans pouvoir se replier ou se mettre à couvert, les angles morts étant inexistants.


 

Passons sur le théâtre Francis Planté, qui se trouve face à l'église Saint-Pierre et abrite désormais...un supermarché ! Orthésien d'origine, Francis Planté naquit le 2 mars 1839. Il deviendra pianiste. Son oncle, Raymond Planté, fut maire de la commune. Et Gaston Planté, le célèbre physicien, d'appartenir à la même famille. Inventeur français, ce dernier mettra au point l'accumulateur électrique, en 1859, l'équivalent de la première batterie électrique rechargeable. Cette invention contribuera à l'invention, quarante ans plus tard, de la première voiture électrique, qui portait alors l'étrange nom La Jamais contente. Celle-ci était alors capable d'atteindre les 100 km/heure. Qui s'en souvient aujourd'hui ?

La maison Jeanne d'Albret abrite un étonnant musée, qui offre de découvrir quatre siècles d'histoire en Béarn, des origines de la Réforme au début du XX ème siècle. Je découvrirai ainsi le parcours surprenant des huguenots au rythme des évènements béarnais et français en compagnie de Jeanne d'Albret et de ses enfants, Henri IV et Catherine de Bourbon, mais également Elisée Reclus, Félix Pécaut, Eugène Casalis, Albert Cadier... La visite commence au premier étage de la maison et se poursuit à l'étage supérieur. La première salle d'exposition me permet de découvrir ce que fut la Réforme en Europe, puis en Béarn, avec le moine allemand Martin Luther au début du XVI ème siècle, puis Jean Calvin, en France, qui fera de Genève l'un des principaux centres de diffusion de la nouvelle doctrine. Tous deux seront à l 'origine des deux plus importants courants du protestantisme en Europe. Je découvre plus loin Henri IV et Catherine de Bourbon, puis l'Académie et l'Université d'Orthez, créée par Henri de Navarre en 1583. Le visiteur que je suis s'attardera ensuite sur des thèmes évoquant la révocation et des persécutions, les assemblées du désert, la Réale, ou la reconnaissance et la liberté de conscience. La deuxième salle s'intéresse aux protestants en Béarn au XIX ème siècle. L'instruction est bien sûr abordée (avec l'école du dimanche et le catéchisme), mais aussi le temple de Cauterêts, la mission au Lessouto, la seconde Réforme en Espagne et la mission française du Haut-Aragon. Une exposition passionnante et très enrichissante !


 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Office du tourisme d'Orthez, Maison Jeanne d'Albret, à Orthez. Tél : 05 59 38 32 84. Site internet : http://www.tourisme-bearn-gaves.com

  • Château d'Orthez, Orthez Animations, 37, rue Bourg-Vieux, à Orthez. Tél : 05 59 69 36 24. Visite de la tour Moncade en mai, les fins de semaine et jours fériés, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h. En juin, juillet et août, tous les jours, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30. En septembre, tous les jours, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h. Ouvert toute l'année pour les groupes, sur réservation. Entrée adulte : 4 €. Visite possible en anglais, allemand, basque, espagnol et français. Site internet : http://www.orthezanimation.com

  • Musée Jeanne d'Albret, 37 rue Bourg-Vieux, à Orthez. Tél : 05 59 69 14 03. Ouvert, du 1er octobre au 31 mars, du mardi au samedi, de 10h à 12h et de 14h à 18h. Du 1er avril au 30 septembre, du lundi au samedi, de 10h à 12h et de 14h à 18h. En Juin, juillet et août : de 10h à 12h et de 14h30 à 18h30. Fermeture annuelle les trois dernières semaines de janvier. Site internet : http://www.museejeannedalbret.com

  • Le livre « Orthez » (éditions Gascogne), en vente à l'office de tourisme, peut compléter vos connaissances sur la ville (ci-dessous)


 

 









Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile