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Deux heures à Liège
(Province de Liège, Belgique)
Heure locale

Lundi 21 septembre 2015

 

Sabrya sent le chocolat de loin et cette fois, sa gourmandise l'attire jusqu'à Liège (Belgique). C'est là que nous ferons notre première halte en terre wallonne, avant de rejoindre notre ami Ruben à Bruxelles. Ville francophone, Liège est aujourd'hui le chef-lieu de la province du même nom mais fut autrefois la capitale de la Principauté de Liège : cette principauté épiscopale était alors un Etat du Saint-Empire romain, inclus dans le cercle de Westphalie. Cette entité naitra en 985 et persistera huit cents ans durant, jusqu'à la Révolution liégeoise qui surviendra en 1789. A l'époque de la Principauté, sept collégiales s'élevèrent en ville, en plus de la cathédrale où est enterré Saint-Lambert. La ville comptait également deux abbayes bénédictines, et plusieurs églises romanes, ainsi que de nombreuses pièces d'orfèvrerie qui témoignent encore de nos jours de l'efflorescence de cette époque.

Liège compte désormais plus de 200 000 âmes (pour une agglomération de 700 000 habitants) et devient ainsi la première agglomération wallonne, et la troisième agglomération de Belgique (après Bruxelles et Anvers). Sabrya et moi ne disposons que de deux heures pour parcourir cette cité. Nous garons notre véhicule à proximité de la cathédrale Saint-Paul. Ici les parkings souterrains sont nombreux, peu coûteux (5,40€ pour deux heures de stationnement) et si pratiques. L'église en question (en photo ci-dessous) fut fondée en 966 par l'évêque Eracle, et sera la première église construite sur ce qui était alors une île formée sur les bras de la Meuse, au sud-ouest de la cité. Ce quartier « en île » était alors habité par des fonctionnaires (ministériales) de l'Evêque et par les premiers commerçants de l'île. L'église actuelle, de style gothique, fut érigée à partir de 1240 et s'acheva en 1417-1430. Le cloitre, lui, sera reconstruit à partir de 1445. L'édifice est surmontée par une tour avec clocher et flèche datant de 1804. Nous pénétrons dans l'église qui offre des lignes très pures et une architecture très unifiée. Les voûtes sont d'égale hauteur, depuis l'abside et jusqu'à la tour, malgré les différentes phases de construction. On remarque l'alliage du calcaire bleu mosan et du calcaire ocre lorrain qui offre le plus bel effet. La grande nef comporte sept travées et se prolonge dans le bas de la tour, tandis que les voûtes du vaisseau et du transept sont peintes d'élégants rinceaux aux animaux variés, donnant l'impression d'une forêt. Le choeur, lui, est fermé dans le bas par des murs, ornés par deux rangées d'arcatures aveugles très dépouillées et de hautes fenêtres. Les vitraux (deuxième photo) sont dus quant à Julin et Pirotte.


 

Après avoir traversé la place de la Cathédrale Saint-Paul, nous nous dirigeons maintenant en direction de l'Opéra royal de Wallonie (ci-dessous). Théâtre lyrique situé en plein centre-ville, il est l'une des trois grandes maisons d'opéra existant en Belgique. Et occupe depuis son origine le Théâtre royal de Liège, un bâtiment prêté par la ville. C'est en 1816 que le roi Guillaume d'Orange cède à la cité, et à titre gracieux, le terrain et les matériaux de l'ancien couvent des Dominicains, à la seule condition qu'on y élève un théâtre. La première pierre sera posée le 1er juillet 1818 par Mademoiselle Mars, comédienne française. C'est l'architecte Auguste Dukers qui sera chargé de la construction de cet édifice de style néoclassique, dont la façade principale sera ornée d'une colonnade de marbre. L'inauguration a lieu le 4 novembre 1820. La ville de Liège deviendra propriétaire du lieu en 1854. On peut encore aujourd'hui admirer la statue d'André Gréty, compositeur liégeois (et son cœur d'être déposé dans le socle de la statue en 1842) en face de l'opéra. L'ensemble du bâtiment subira d'importantes transformations en 1861, sous l'autorité de l'architecte Julien-Etienne Rémont, offrant une nouvelle salle de style de Second Empire pouvant accueillir plus de 1500 spectateurs. Lors de la Première Guerre mondiale, l'opéra sera réquisitionné par l'armée allemande dès août 1914 et servira d'écurie et de dortoir durant cinq années. Pour sa part, l'Exposition Universelle de Liège de 1930 sera l'occasion d'installer une fois pour toutes un vaste fronton sculpté en façade par Oscar Berchmans, avec des figures allégoriques. La Seconde Guerre mondiale, elle, épargnera l'édifice. Et c'est en 1967 que naitra l'Opéra royal de Wallonie, sur la base de l'ancienne troupe lyrique du Théâtre royal de Liège et de celle de Verviers. L'Opéra est depuis placé sous la tutelle conjointe de la ville de Liège, de la région Wallonne et de la Province de Liège. La restauration de l'édifice, effectuée de 2009 à 2012, respectera scrupuleusement le cachet historique de l'endroit en restaurant à l'identique le grand foyer, les escaliers d'honneur et la salle (dont la machinerie fait de cet opéra l'un des théâtres les plus modernes au monde).

 

Nous cherchons vainement l'office de tourisme et nous dirigeons désormais vers la galerie Saint-Lambert (ci-dessous).

Ce centre commercial situé au cœur de Liège, plus exactement sur la Place Saint-Lambert (d'où son nom), tient ses origines d'Auguste Thiriart qui ouvrit ici même le premier grand magasin, en 1885, après avoir racheté l'ancienne banque Dubois de Mélotte de Noidans. Une structure métallique surmontée d'une verrière est alors aménagée et l'endroit reçoit le nom de « Grand Bazar ». Le magasin s'agrandira en 1900, en englobant l'hôtel particulier voisin. Quatre ans plus tard, à l 'approche de l'Exposition Universelle de 1905, la façade métallique de l'ancienne banque est démolie puis reconstruite dans le style néorenaissance vénitien par l'architecte Arthur Snyers. L'endroit sera à nouveau agrandi dans les années 1950 dans un style plus moderne, avant que le grand Bazar ne ferme ses portes en 1977, pour cause de faillite. Les galeries actuelles datent de 2001.


 

Face aux Galeries Saint-Lambert, se dresse le Palais des Princes-Evêques de Liège (ci-dessous), qui abrite désormais le Palais de Justice de la ville. Il y a fort longtemps, vers l'an mille, se dressa à cet endroit même un premier palais qui était intégré dans les fortifications. La construction fut l'oeuvre du prince-évêque Notger. Ce premier palais disparaitra lors d'un incendie en 1185, puis sera rebâti sous Raoul de Zahringen. Ce deuxième édifice souffrira du sac des Bourguignons de 1468 avant de connaître le même sort que le palais précédent, en 1505. Le prince-évêque Erard de La Marck érigera à son tour un nouveau palais, dont l'édification sera achevée à la fin du XVI è siècle. Le maitre d'oeuvre en sera Arnold van Mulken. Sa façade principale sera refaite en 1734, suite à un incendie, dans le style Louis XIX-Régence. En 1849, une nouvelle aile occidentale verra le jour dans le style néogothique, afin d'accueillir les services du Gouvernement provincial. A noter que le Palais sera utilisé en tant que Kommandantur par les Allemands lors des deux guerres mondiales. Aujourd'hui, l'endroit est occupé par les services provinciaux et le Palais de Justice. Sa grande cour est entourée de galeries aux arcades rehaussées et de soixante colonnes galbées, massives et élégantes à la fois, et surmontées de chapiteaux richement ornés. La décoration des colonnes vaut à elle seule le déplacement. La deuxième cour, accessible depuis l'intérieur du Palais est plus intime mais malheureusement fermée au public (sauf lors les journées du patrimoine), et sert au passage des prévenus, escortés par des policiers.


 

A deux pas de là, de l'autre côté de la Place Saint Lambert, se trouve la Place du Marché, dont l'origine remonte à la naissance de la cité. S'y dressent deux symboles de la ville : le Perron (ci-dessous) et l'Hôtel de Ville (aussi surnommé la Violette). L'Hôtel de Ville fut construit à l'endroit où se dressait la maison qui abritait jadis le conseil de la cité au Moyen-âge. Il sera rebâti après avoir été incendié par Charles le Téméraire à la fin du XV è siècle. L'édifice est fait de briques et de calcaire et est de style classique. Son fronton porte les armoiries du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière et des bourgmestres Michel-Nicolas de Lohier et Louis-Lambert de Liverloo. L'intérieur permet d'admirer de superbes décors d'époque, dont des atlantes. Le Perron reste quant à lui le monument le plus célèbre de Liège. Ce perron-fontaine est attesté à cet endroit dès 942, mais le monument actuel est bâti en 1305 suite au tarissement des eaux de la source du à des travaux d'exploitations houillères, puis reconstruit par Jean Delcour à la fin du XVII è siècle. En 1468, Charles le Téméraire transféra le Perron à Bruges, suite à la rébellion des Liégeois. Le monument, qui symbolisait déjà à l'époque les libertés liégeoises, est surmonté par un groupe de Trois Grâces. Après dix ans d'exil, Marie de Bourgogne (fille de Charles le Téméraire) rapporta le Perron à Liège le 10 juillet 1478. Sur la même Place du Marché, se dresse la fontaine de la Tradition (aussi appelée fontaine des Savetresses, car autrefois , les vendeurs de souliers s'y rassemblaient les jours de marché) depuis 1719. La Place du Marché était aussi celle du Pilori, puisqu'au XIX è siècle, cet endroit servait aux jugements publics.

 

Un autre Palais d'exception à Liège : le Palais Curtius (ci-dessous), ou maison Curtius. Cette demeure patricienne, située au 13, Quai de Maastricht, dans le quartier de Féronstrée et Hors-Château, fut érigé entre 1600 et 1610 par Jean de Corte, industriel, marchand et munitionnaire liégeois, mais également trésorier et fournisseur des armées du roi d'Espagne aux Pays-Bas. Ce monsieur est aussi connu sous le nom latinisé de Curtius, et on lui doit l'essor de ses industries au XVII è siècle dans la Principauté de Liège. Nous avons ici un très bel exemple d'architecture renaissance de la région mosane, qui fut restauré entre 1904 et 1909. L'édifice fait partie du complexe immobilier du musée du Grand Curtius et est classé Patrimoine majeur de Wallonie. L'endroit servit de musée pour la première fois en 1901, lorsqu'il abrita des collections archéologiques, par la suite agrémentées de collections d'arts décoratifs. En 1997, le projet « Mégamusée » fera scandale. La ville de Liège souhaitait en effet rassembler tous les musées du quartier en un seul en achetant plusieurs bâtiments anciens. Les archéologues craignirent alors pour ces bâtiments et les artifacts qu'ils abritaient. Finalement inauguré en 2009, l'ensemble muséal du Grand Curtius su dépasser ses divisions et rassembler sous le même toit le musée Curtius d'antan (collections archéologiques et d'arts décoratifs), le musée d'art religieux et d'art mosan, le musée d'armes et le musée de verre. L'ensemble est appelé le Grand Curtius et occupe la résidence et le Palais Curtius, les hôtels de Hame de Bomal et Brahy, et la maison Dewilde.


 

Liège est aussi connue pour ses impasses et ses escaliers. Sabrya et moi partons à la découverte des ruelles situées à proximité de l'office du tourisme de la ville, que nous avons enfin trouvé. La rue des Brasseurs (ci-dessous) que nous traversons fait partie de ces ruelles authentiques et protégées. Nous passons aisément d'une ruelle à l'autre jusqu'à atteindre l'église Saint Gérard, ancienne église des Carmes déchaussés dont l'ordre s'installa à Liège en 1618. En levant la tête, nous tombons sur l'impasse de l'Ange (deuxième photo ci-dessous) qui nous mène à un îlot de verdure où se prélassent des chats. Plus loin, nous croiserons l'impasse de la Couronne, laquelle, une fois franchi un plafond de grosses poutrelles en bois, vous mène jusqu'à une jolie place arborée d'où vous apercevez les collines boisées de la citadelle de Liège. L'impasse des Ursulines, elle, relie la Montagne de Bueren à la rue Pierreuse et à la rue du Palais (qui traverse les Coteaux de la Citadelle) et tient son nom de la présence de l'ancien couvent des Ursulines. Cette impasse (qui n'en est plus une depuis 1980) portait le nom En Fer à cheval, du nom de l'enseigne de sa première maison aujourd’hui disparue. Côté escalier, je suis servi ! 374 marches m'attendent, qui relient le quartier Féronstrée et Hors Château à la Citadelle (qui traverse les Coteaux). Cet imposant escalier (troisième photo), appelé Montagne de Bueren, perpétue le souvenir de Vincent de Bueren, un noble d'origine gueldroise, lequel, à la tête des Six cents Franchimontois, fut un des plus acharnés défenseurs de Liège contre le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. Cette rue constituée de marches mesure 260 mètres (dont 194 mètres de marches) et offre un dénivelé de 30%. L'ascension est facilitée par la présence à intervalles réguliers de paliers avec quelques bancs. C'est en 1880 que ce chemin sera achevé, à la suite d'une décision prise par le conseil communal cinq ans plus tôt. Cet accès devait à l'époque permettre un accès rapide à la garnison stationnée à la citadelle vers le centre ville en cas d'invasion ou de soulèvement populaire.

 

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