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Agios Nikolaos
(Ile de la Crète, Grèce)
Heure locale


Samedi 7 novembre 2015

 

Je suis arrivé ce midi à ma deuxième étape de mon séjour crétois, à Agios Nikolaos, petite ville nichée au fond du golfe de Mirambellou. Je n'ai jamais vu autant de marches qu'ici, pour passer d'une rue à une autre, la petite ville étant construite à flancs de collines, formant ainsi une succession de belvédères sur la mer. Les maisons blanches s'étalent autour d'une baie abritée et d'un lac aux eaux profondes. Durant les sept prochains jours, j'occuperai un petit appartement donnant sur le port et la mer de Crète (partie méridionale de la mer Egée). Cette dernière fait la réputation d'Agios Nikolaos grâce aux superbes plages qu'elle offre sur ses côtes, tantôt de galets, tantôt de sable fin. La municipalité en compte 22 au total. Un certain calme règne ici en ce mois de novembre. Il est vrai que cette station balnéaire, habituellement prisée pour sa vie nocturne, a retrouvé sa quiétude en cette période hivernale. Désormais, il faudra attendre le mois de mars prochain pour voir affluer de nouveau les hordes de touristes.


 

J'observe beaucoup d'hôtels et de magasins fermés et ne croiserai que peu d'étrangers lors de mes premiers pas dans la cité. Une activité plus soutenue se déploie autour de la plage Kitroplatia (ci-dessous en photo). Les terrasses y font le plein car tavernes et cafés y abondent. A une extrémité de cette plage où certains baigneurs profitent des derniers rayons de soleil, une promenade conduit au port de plaisance, un peu en retrait de la ville. De l'autre, on rejoint le vieux port d'Agios Nikolaos en passant par le golfe de Mirambellou. Sur mon chemin, j'aperçois une gigantesque sculpture qui représente la déesse Europe assise sur le dos d'un taureau (deuxième photo) : selon une version mythique, Europe, fille du roi de Tyr (ville phénicienne, c'est à dire le Liban actuel) fit un rêve. Le jour même, Zeus la rencontre sur une plage de Sidon (ville du Sud-Liban), se métamorphose en taureau blanc pour l'approcher sans lui faire peur et échapper à la jalousie de son épouse Héra. Imprudente, et attirée par l'odeur d'un crocus qui se trouve dans sa bouche, Europe s'approche de lui. Chevauchant l'animal, elle sera enlevée sur l'île de Crète, à Gortyne. Et Europe de s'accoupler avec Zeus (sous la forme humaine cette fois) sous un platane, pour donner plus tard naissance à Minos, Rhadamanthe et Sarpédon. Puis, Europe sera donnée par Zeus comme épouse à Astérion, roi de Crète. Je poursuis ensuite en direction du port antique de pêche, là où les habitants paressent volontiers aux terrasses situées le long des quais, les kafeneons des places intérieures. Là, s'élève toujours la maison des douanes (troisième photo).


 

Je passe à proximité de la rue la plus commerçante de la cité, celle du 28 octobre (date que l'on retrouve d'ailleurs un peu partout en Grèce), journée chargée de signification puisqu'en Grèce, elle symbolise le jour du non et est depuis, devenue l'une des deux fêtes nationales. Fêtée le 28 octobre de chaque année, cette journée rappelle la date du 28 octobre 1940, lorsque le dictateur grec Loannis Metaxas rejeta l'ultimatum italien qui menaçait la Grèce d'un conflit si elle n'autorisait pas l'armée italienne à pénétrer sur le territoire grec pour occuper certains points stratégiques. Devant le refus de Metaxas, la guerre italo-grecque fut déclenchée quelques heures plus tard, engageant une fois pour toutes le pays dans le conflit de la seconde guerre mondiale.

A côté du vieux port de pêche, je découvre le lac de Voulismeni (ci-dessous), que l'on appelait jadis le bassin d'Artémis. Le lac est formé d'un entonnoir de 64 mètres de profondeur, dimension inattendue pour un si petit lac qui ne mesure que 130 mètres de diamètre. Durant l'Antiquité, on prétendait que ce lac était sans fond, et que ses eaux sombres conduisaient dans les abysses de l'au-delà. Par sécurité, j'éviterai de m'y baigner. Il est parfois difficile de faire la part du vrai et du faux dans ces légendes mais, en ce qui concerne Artémis, il n'est pas permis de mettre en doute son appartenance au monde grec, dont témoignent poèmes et hymnes homériques. Selon certaines traditions, elle serait la fille de Déméter (fille des divinités Kronos et Rhéa, la sœur et l'épouse de Zeus et la déesse de l'agriculture), mais plus généralement tenue pour la fille de Zeus et de Lêtô, et pour la sœur jumelle d'Apollon dont elle possède tous les traits, version féminine. Artémis restera une déesse vierge et sauvage. Munie d'un arc, elle chasse les cerfs et parfois aussi les hommes, tout en protégeant les Amazones. Et d'être évoquée dans de nombreuses légendes de chasse. Elle est aussi connue comme la déesse des animaux sauvages dont les sanctuaires sont le plus souvent situés en dehors des villes.

Le lac de Voulismeni est pour sa part entouré de cafés et de restaurants. Il est relié à la mer par un étroit canal datant de 1870, et est alimenté par une rivière souterraine.


 

Je comptais m'adresser à l'office de tourisme, situé en face du pont franchissant ce canal, mais le bureau n'est ouvert qu'en saison estivale. Dommage. Autre déconvenue : l'absence du musée du Folklore, qui s'intéressait autrefois aux tissus et aux coutumes vestimentaires locales. Je me rabattrai sur le musée archéologique, lui aussi en travaux (décidément, je n'ai pas de chance!) jusqu'à l'année prochaine. Par contre, ce musée offre actuellement une exposition temporaire consacrée à l’histoire d'Agios Nikolaos. Dans une seule pièce, sont rassemblés plusieurs panneaux agrémentés de textes (en grec et en anglais) et de photos, qui expliquent l'existence de la cité depuis l'Antiquité : compte tenu de sa proximité de la mer, Agios Nikolaos axera d'abord son économie autour de l'agriculture et de l'élevage de bétail . Toutes les phases de l'histoire minoenne y seront représentées (la vie quotidienne, la vie civile, la religion et la mort sont abordées). La cité a de toute évidence connu bien des changements depuis ces temps anciens puisqu'on y découvrit des figurines remontant à la période archaïque (700-500 avant J.C), lors de fouilles au centre-ville. Et la présence de telles statuettes de démontrer la probable présence de sanctuaires à Agios Nikolaos. L'essor de la ville de Lato, non loin d'ici, explique la suite de l'histoire de la cité. On apprend ainsi que durant la période helléniste, la ville de Kamara se développa en lieu et place de l'actuelle ville d'Agios Nikolaos et servit à cette époque de port pour les relations avec les habitants du Latium (région de l'ancienne Italie). Commerce, piraterie et mercenariat rythmaient alors l'existence quotidienne de Kamara (qui devient bientôt la nouvelle capitale des Latians à partir du II è siècle après J.C). Les quelques vestiges de maisons anciennes découvertes lors des fouilles, mais également un nombre important d'inscriptions funéraires retrouvées dans les cimetières, permettent de mesurer la prospérité de l'endroit, et de confirmer les intenses relations entretenues par Agios Nikolaos avec l'extérieur. Ici, s'élevaient aussi de grands édifices publics. La conquête romaine de l'an l'an 67 n'affectera pas notablement la vie dans Kamara, l'ancêtre d'Agios Nikolaos. Des traces de constructions romaines, des objets importés, des offrandes, des statues et des inscriptions datant de cette période confirment le dynamisme d'alors, bien que la vie de Kamara ne pouvait pas être comparée à celle d'autres cités urbaines crétoises de l'époque.

C'est l'architecte P.Karandinos qui bâtit le musée archéologique d'Agios Nikolaos, dans les années soixante. Avant la construction de ce musée, les découvertes archéologiques rejoignaient le musée archéologique d'Héraklion. Le musée qui nous intéresse est le deuxième plus beau musée de Crète, qui permet d'admirer les nombreuses trouvailles faites sur les sites d'Agia Fotia et de Mirtos (datant du minoen ancien, 3000-2300 avant J.C). Parmi les pièces remarquables, on peut voir le crâne d'un athlète romain ceint de feuilles de laurier en or, et la Déesse de Myrto, étonnant vase à libations en forme de femme, le corps puissant surmonté d'un long cou et d'une petite tête.Découvert dans les années 1960, sur le site de Fournou Korifi (à 3,5 km de Mirtos), ce vase contenait un liquide qui s'écoulait par une petite jarre tenue par la déesse.


 

INFOS PRATIQUES :

  • Office de tourisme, 21, rue Akti Koundourou (près du lac) à Agios Nikolaos. Ouvert d'avril à octobre, de 8h00 à 21h30. Tél : 2841 022357.
  • Musée archéologique, rue Konstantinou Paleologou, à Agios Nikolaos. Tél : 2841 024943. Fermé pour travaux, réouverture prévue en 2016. Ouvert toutefois tous les jours (sauf le lundi) de 8h30 à 15h00 pour l'exposition temporaire «L'histoire d'Agios Nikolaos » (affiche ci-dessous). Entrée libre.


 





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