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Sitia
(Côte Nord-Est, Ile de la Crète, Grèce)
Heure locale

Mercredi 11 novembre 2015

 

La journée d'aujourd'hui me conduit à Sitia, sur la côte de la mer de Crète. Parti d'Agios Nikolaos, il me faudra une bonne heure pour atteindre ma destination, car la route est par endroits détériorée et très sinueuse. Nous sommes ici en moyenne montagne et les paysages sont magnifiques, mais il faut redoubler de vigilance pour ne pas faire le grand plongeon. Sitia, contrairement à d'autres ville de la Crète, respire l'authenticité et se trouve dans l'une des régions les plus attachantes de l'île. Ses environs offrent de belles plages, des villages préservés et de nombreux sites archéologiques.

Comme d'habitude, je m'arrête au centre ville mais n'éprouverai aucune difficulté pour me garer gratuitement. C'est chose courante ici bien qu'il y ait beaucoup de véhicules, et je dois dire que, depuis mon arrivée en Crète, je n'ai jamais encore croisé un seul parcmètre. Sitia a, elle aussi, son musée archéologique : ici sont rassemblées toutes les trouvailles archéologiques de la région, principalement de l'époque minoenne. On y voit une impressionnantes collection de jarres (pithoï). Le musée aborde l'histoire de Lefki et de Koufonisi, mais aussi de Trypitos, ancienne cité située à trois kilomètres à l'est de Sitia. Cette petite cité helléniste bénéficiait d'un abri naturel pour bateaux, abri creusé dans la roche. L'ancienne cité s'étend sur toute la péninsule et, à ce jour, seule une petite partie des restes de cette ville a été fouillée mais on y a déjà trouvé des pièces de monnaie, des bijoux et des poteries. Sur place, les visiteurs admireront aussi des ustensiles en pierre et les ruines de ce qui furent jadis des habitations. Le musée décrit d'ailleurs ce qu'était à l'époque la vie quotidienne dans cette cité et en quoi consistait l'industrie textile d'alors. Une autre vitrine aborde l'ancienne cité d'Itanos, petite ville côtière du nord-est de l'île, au lieu-dit « Erimopolis » (qui signifie ville abandonnée ou déserte). C'est Hérodote (historien grec) qui sera le premier auteur grec à en faire mention, d'après des textes historiques. Le site archéologique, ouvert au public, est riche en ruines de maisons, fortifications et églises paléo-chrétiennes. On y retrouvera de nombreuses inscriptions sur pierre en grec, dont la plus importante se présentait sous la forme d'un grand document, désormais conservé au monastère de Toplou. Cette inscription relatait les problèmes d'Itanos avec les cités voisines, en particulier Hierapytna (Iérapetra), problèmes qui nécessitèrent l'intervention du Sénat romain. Au cours de ma visite, j'en apprendrai davantage sur les périodes pré et postpalatiales, avec des vitrines consacrées à la production artisanale de l'époque, dont la production et l'utilisation d'huiles aromatiques. Des sceaux minoens (ci-dessous) sont aussi exposés. L'histoire de Sitia n'est pas en reste puisqu'on s'intéresse au temple de Sitia. Plusieurs idoles, pots et plaques sculptés auraient été découverts lors de fouilles.


 

Le nom de Sitia provient de la ville antique d'Itia, lieu de naissance d'un des sept sage-hommes de l'antiquité, un certain Mison. C'est sur ce site que la ville actuelle est construite mais peu de fouilles archéologiques ont été réalisées à ce jour. On y a trouvé des tombeaux minoens et post-minoens, des statues géométriques, des bâtiments romains et même une basilique pré-chrétienne. A Petra (dans l'est de la ville), un quartier datant de la période minoenne a été découvert. Quant à Sitia, elle possédait l'un des plus grands ports de l'île durant la période des nouveaux palais. On découvrit sur place un grand bâtiment central (était-ce un palais?) avec des aires de stockage et des inscriptions linéaires A. Pour ma part, je me promène le long du port (ci-dessous) et apprécie la nonchalance ambiante. Le soleil chauffe l'atmosphère et des chiens se prélassent et font une sieste réparatrice. Est-ce vraiment cela une vie de chien ? Quant au port, il est le meilleur abri de la côte est crétoise et peut accueillir aussi bien des petits bateaux que des grands navires ou des bateaux de pêche. J'ai bien demandé à plusieurs personnes mais aucune d'entre elles n'a su me répondre : les Romains avaient bâti des réserves à poisson, des constructions semi-circulaires situées sur le rivage, à proximité du poste de douane, qui servaient à maintenir au frais le poisson pêché. Il y aurait au total dix réserves de cette sorte, sur une distance de 200 mètres, mais la plupart d'entre elles sont en ruine. On dit que la plus préservée d'entre elles aurait la forme d'un fer à cheval et mesurerait 7 mètres sur 6,75. En tous cas, l'existence de ces parcs à poissons n'a pas l'air de mobiliser les foules ici.


 

Le mur cyclopéen situé au pied de la colline est unique en Crète. Sitia existe depuis la période post-minoenne mais la ville se développa de manière significative lors de l'occupation vénitienne, et fut, pour l'occasion, puissamment fortifiée avec des murs et des tours. Ce qui n'empêcha pas la ville d'être détruite à trois reprises, en 1508 par un tremblement de terre, en 1538 par le pirate Barbarosa, et en 1561 par les Vénitiens, pour ne pas tomber entre les mains des Turcs. Et Sitia de cesser ainsi d'exister en tant que ville durant deux siècles, jusqu'en 1869. La ville actuelle fut construite un an plus tard, en 1870, d'après les plans de l'architecte Avgi Pasha, et connaitra ensuite un essor important, au point de devenir l'une des régions urbaines les plus importantes de Crète. Des dépôts furent découverts à Sitia, dépôts qui consistent en des cavités dans le sol où le peuple antique plaçait les offrandes destinées aux dieux. On date ces découvertes de 1050-500 avant J.C et on pense qu'elles ont probablement été placées près d'un sanctuaire pas encore découvert. Au nord du fort légué par les Vénitiens, se trouve également une petite chapelle qui fut bâtie sur les ruines d'un monastère vénitien détruit par les Turcs.


 

Le monument le plus imposant se trouve sur les hauteurs de Sitia. Il s'agit du fort de Kazarma (ci-dessus), une forteresse vénitienne, surnommée aussi Casa di Arma. Cette construction date de l'époque médiévale et servit de caserne pour les soldats et de sièges sociaux pour les armées. Il abrita aussi les bâtiments administratifs des garnisons hébergées sur place. Les murs furent élevés vers la fin de la période byzantine mais durent être réparés à plusieurs reprises par les Vénitiens, tout particulièrement à la suite du tremblement de terre de 1508 et après l'attaque du pirate Barbarosa trente ans plus tard. Ces dernières restaurations seront réalisées sous la conduite de Sforze Pallavicini et Giullio Savorgan, ingénieurs vénitiens. Ces ingénieurs obtinrent alors l'autorisation de relever la hauteur du mur d'enceinte et les habitants de Sitia durent contribuer aux frais, à hauteur de 1500 ducats, en 1586. D'autres réparations avaient eu lieu bien avant, en 1204 sous l'autorité du Génois Enrico Pescatore, puis en 1303 et en 1450. Aujourd'hui, la forteresse offre encore sa tour, devant laquelle se dresse une scène sur laquelle se déroulent de temps à autre des spectacles.

Je redescends en direction du port et m'arrête un instant au bureau du tourisme, encore curieusement ouvert en cette basse saison. On m'y apprend que le musée folklorique que j'envisageais de visiter est fermé pour l'hiver. C'est dommage car ce musée, qui fut fondé en 1976 par l'association éducative et culturelle « Vintsenzos Kornaros » expose plusieurs objets représentant le folklore comme des objets fait main, des broderies, des costumes locaux ou des meubles. Divisé en plusieurs sections, ce musée recrée l'intérieur traditionnel d'une demeure crétoise. A découvrir si vous êtes de passage à Sitia au bon moment. Une autre fête a son importance dans la ville : l'évènement se tient au mois d'août et célèbre le soultanina, un type de raisin crétois de haute qualité mais assez fragile. Il est principalement cultivé sur la côte nord du Péloponnèse et de la Crète, là où les conditions climatiques sont optimales et où le sol est le plus propice. Son nom provient du district de Soultanie (Iran) et le fameux raisin serait arrivé ici vers 1838.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Musée archéologique, Avenue Eleftheriou Venizelou, à Sitia. Ouvert tous les jours (sauf le lundi), de 8h00 à 15h00. Entrée : 3€. Prise de photos autorisée, sans flash. Informations offertes en grec et en anglais dans chacune des vitrines.

  • Fort de Kazarma, sur les hauteurs de Sitia. Ouvert tous les jours (sauf le lundi) de 8h30 à 15h00. Entrée : 2€. Prise de photos autorisée.

  • Musée folklorique, 26 Kapetan Sifi Street (rue qui grimpe sur la colline), à Sitia. Ouvert uniquement en saison estivale, de 10h00 à 14h00, tous les jours excepté le dimanche. Entrée : 2€.

  • Bureau du tourisme, sur le port de Sitia. Ouvert tous les jours (sauf les samedi et dimanche, du 1er avril au 30 novembre, de 8h00 à 15h00.




 



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