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Brive-la-Gaillarde
(Corrèze, France)
Heure locale


Samedi 8 octobre 2016

 

Pour ma première visite en Corrèze, je m'arrête à Brive-la-Gaillarde. L'endroit était autrefois un point de franchissement de la Corrèze comme l'atteste le terme gaulois Briva (pont). Ce pont primitif sera bientôt remplacé par un pont romain, le pont du Bouy, conçu pour assurer la continuité de l'itinéraire allant de Lyon à Bordeaux. La localité sera christianisée au Vè siècle par Martin dit l'Espagnol (ci-dessous son buste), qui sera martyrisé en 407. Brive sera aussi le théâtre d'une révolte des notables d'Aquitaine le siècle suivant, ces derniers refusant alors de tomber sous la coupe du roi d'Austrasie Childebert II. Ils mirent à la place au pouvoir Gondovald, bâtard de Clotaire, lui-même fils de Clovis, en 584. Et Brive, d'être devenu vers l'an mil un bourg canonial avec sa collégiale Saint-Martin et différents lieux de culte (église Saint Pierre, église Saint Sernin...)


 

Au XI ème siècle, la petite ville, située à la jonction des vicomtés de Limoges, de Combom et de Turenne eut pour seigneur l'évêque de Limoges, tandis que les barons de Malemort détenaient les droits justiciers de Brive. Brive s'étendait alors sur trois hectares et était protégée par une enceinte percée de quatre portes. Puis, à partir du XII ème siècle, des faubourgs se développèrent hors des murs mais la ville ne comportait pas de château, car sa protection était assurée par les vicomtes de Turenne et les seigneurs de Malemort. Brive connut également les aléas de l'histoire, en devenant un temps anglaise, suite au traité de Brétigny du 8 mai 1360. Au XIV ème siècle, la ville sera entourée d'une enceinte hérissée de tours. Et héritera du nom de Gaillarde (qui signifie force en latin). Aux XVII et XVIIIè siècles, la cité connaitra une grande prospérité. Joseph Dubois en deviendra alors le maire perpétuel, et directeur général des ponts et chaussées de France entre 1723 et 1736, construisant ainsi le pont Neuf (actuel pont Cardinal) et de nouveaux hôtels particuliers, des boulevards et des faubourgs sur les anciens marécages de la Guierle, mais en détruisant les remparts.


 

Autrefois les habitants de Brive étaient appelés les Brivois, avant de finalement adopter le terme de Brivistes. Je pars ainsi l'espace d'un après-midi à la découverte du cœur de cette cité, à la fois centre-ville et galerie marchande à ciel ouvert. Le musée Labenche est incontournable car il est le musée d'art et d'histoire de Brive-la-Gaillarde. Situé dans l'hôtel Labenche, il est classé monument historique depuis 1886. Le bâtiment fut érigé en 1540 par Jean de Calvimmont, alors seigneur de Labenche. Racheté en 1829 par l'évêque de Tulle pour y installer un petit séminaire, l'endroit devint propriété de la ville en 1906, puis hébergera le musée actuel à partir de 1989. On y découvre désormais l'histoire de la ville, vieille de plus de 100000 ans, à travers 5000 objets exposés (sur un total de 60 000). Ses 17 salles offrent collections archéologiques, artistiques, numismatiques et ethnographiques. On peut y apercevoir aussi des tapisseries anglaises (ci-dessous) du XVII è siècle et des collections d'histoire naturelle. Et le musée de détenir un ensemble unique en France de dix pièces de tapisserie réalisées par la manufacture royale anglaise de Mortlake. Je ne m'attarderai que sur ces tapisseries ainsi que sur la colombe eucharistique et l'Incunable (deuxième photo ci-dessous) qui date de 1493. Les plus curieux pourront découvrir sur place les accordéons François Dedenis, des vitrines rassemblant des outils agricoles d'hier, sans oublier l'hommage aux héros nationaux, comme par exemple celui consacré au Maréchal Brune


 

Un circuit permet de visiter la ville, et de découvrir notamment le château d'eau (ci-dessous) qui ressemble à un phare dans le paysage briviste. Haut de 22,50 mètres, il fut construit par M. Limousin en 1834 pour alimenter en eau les fontaines environnantes, sur la place même qui fut gagnée au XVIII ème siècle sur les marécages formés par les treize bras de la rivière Corrèze, aujourd'hui canalisée en un seul. La Halle Georges Brassens, elle, invite les amoureux des marchés à une pause salutaire les mardi, jeudi et samedi matins. Le théâtre (deuxième photo) ne laisse pas indifférent : datant du XIX è siècle, il compte treize ouvertures rappelant les treize arches de l'ancien pont de la ville. Dans l'hyper centre, on admire la Collégiale Saint-Martin (troisième photo). Un premier édifice paléochrétien, dont il reste encore quelques traces dans la crypte, fut édifié sur ce lieu inaccessible par les eaux où fut lapidé Saint Martin l'Espagnol en 407. L'actuelle église halle, et collégiale, remonte au XII ème siècle et abrite entre autres un baptistère monolithe et un bel ensemble de chapiteaux historiés dans le choeur. Tout près de là, se dresse la Tour des échevins, datant de la première renaissance, et qui est adossée à une maison de notable. Le heurtoir est en forme de salamandre, animal emblème de François 1er. La crypte de la Collégiale Saint-Martin, elle, dissimule en sous-sol les murs de la première église remontant au Vè siècle. J'emprunte bientôt la rue de Corrèze et atteins la Chapelle Saint Libéral (Xè siècle) désormais reconvertie en lieu d'exposition et qui est dédiée à Libéral, évêque d'Embrun, et né à Brive. Son portail est de style roman limousin.


 

Non loin de là se dresse le quartier renaissance des bourgeois et leurs tours de noblesse. Il existe plusieurs maisons renommées comme la maison Renaudie, la maison Cavaignac (en photo ci-dessous), ou encore l'Hôtel de Maillard-Quinhart (deuxième photo). La maison Cavaignac fut jadis le logis Louis XIII de l'abbesse du couvent des Clarisses au XVII ème, et sert désormais à l'archivage des archives de la ville. Autrefois, un cloitre la reliait à l'actuelle école de musique. Quant à l'Hôtel Maillart-Quinhart, il date de la fin du XV ème siècle, et possède trois tourelles, deux escaliers à vis en pierre et des gargouilles. Le célèbre entomologiste de Brive, Pierre-André Latreille (d'où le nom de la place!) fut élevé dans cette famille. Il sera conservateur du muséum d'histoire naturelle de Bordeaux.Une autre maison, celle qui abrita autrefois Edmond Michelet, grand résistant et ministre, accueille à présent le musée de la Résistance et de la Déportation, un peu à l'écart du centre-ville. L'Hôtel de ville, lui, est incontournable avec sa cour d'honneur, « le Collège des Doctrinaires (troisième photo). Ce bâtiment du XVII ème siècle possède une jolie colonnade à chapiteaux en grès de Gramont. J'admire la cour d'honneur qui est bordée de trois bâtisses à deux étages mansardées et surmontées de coquilles ornées de trois boules. C'est là que des personnages comme le général historien d'Espagnac, l'archevêque diplomate Daniel de Cosnac, le cardinal Dubois, précepteur du régent Philippe d'Orléans, puis ministre de Louis XV,... firent leurs humanités.


 

Brive-la-Gaillarde comble aussi les gourmands. La distillerie Denoix fut fondée en 1839 et garantit à ses visiteurs un savoir-faire artisanal et ancestral à travers ses liqueurs et ses apéritifs à base de noix et d'autres fruits. Une visite des chais vous convaincra de goûter au fameux « Quinquinoix », à la célèbre « Suprême Denoix » ou à la moutarde Violette de Brive, inventée par le grand-père de la famille, Elie Denoix. Apéritifs et liqueurs sont de leur côté garantis sans colorant et sans arôme ajouté, une raison supplémentaire pour craquer, avec modération toutefois, pour ces délicieux produits issus d'une entreprise désormais classée comme patrimoine vivant national. Cette distillerie abrite aussi le Fantôme de Lurçat (ci-dessous), tapisserie sortie des ateliers Goubely-Gatien d'Aubusson, qui surveille depuis près de cinquante ans la patiente distillation des liqueurs. Une solide amitié s'était en effet développée entre le peintre cartonnier Jean Lurçat et Elie Denoix, le propriétaire de l'endroit. Ce dernier, artiste à ses heures, réalisera des vitraux pour quelques églises de Corrèze et s'essayera même à la peinture sur céramique, avant de concevoir (et de piloter!) un avion nommé La Denoiselle. Une autre distillerie, la Distillerie Bellet, vous invite aussi à découvrir les vertus de la liqueur. Je ne pourrai pour ma part m'empêcher de faire une courte halte à la chocolaterie Lany pour y découvrir ses chocolats, ses macarons, ses cakes et autres gourmandises. Avis aux gourmands !


 

Un peu à l'écart, se trouvent les grottes de Saint Antoine (ci-dessous) aux portes de la ville. C'est l'unique lieu de pèlerinage en France dédié au fameux Saint Antoine de Padoue qui s'arrêtera ici et fondera un couvent.C'est aussi lui qui enverra une servante chercher des légumes au jardin, laquelle rentrera avec des oignons et parfaitement sèche...alors qu'il pleuvait dehors. Ce miracle est toujours commémoré chez les frères franciscains de Brive, chaque 24 août. Notre saint aimait à se retirer à l'intérieur de ces grottes entourées encore aujourd'hui d'une végétation luxuriante au milieu de laquelle surgissent ici et là des statues de fonte peinte qui furent installées à la fin du XIX ème siècle.

Un autre site, celui des Perrières, qui se trouve au-dessus de la gare de Brive, constitue un véritable morceau de campagne en pleine ville. L'endroit fut jadis un lieu d'extraction de la pierre, le brasier, qui servit à la construction d'une bonne partie de la cité au XIX ème siècle. Désormais, le site est utilisé comme lieu de promenade favori des Brivistes.

 

INFOS PRATIQUES :


  • Office du tourisme de Brive-la-Gaillarde, Place du 14 juillet. Tél : 05 55 24 08 80. Ouvert du lundi au samedi, de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, d'octobre à mars. Des guides conférenciers proposent aux visiteurs plusieurs visites: Brive la gourmande (8€ par personne), Brive, son histoire, ses histoires et son patrimoine (5€ par pers.), Brive la nuit, son histoire, ses histoires magiques et ses hommes célèbres (5€ par pers.), la vraie fausse visite de Brive avec du suspense à la clé et des anecdotes abracadabrantes (une fois par mois, durée: 1h30, 8€ par pers.). Site internet :

    http://www.brive-tourisme.com/

  • Musée Labenche, 26bis Boulevard Jules Ferry, à Brive-la-Gaillarde. Tél:05 55 18 17 70. Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 14h00 à 18h00 (du 1er octobre au 30 avril) et de 10h00 à 12h30 et de 13h30 à 18h00 (du 1er mai au 30 septembre). Site internet : http://museelabenche.brive.fr/

  • Distillerie Denoix, 9 boulevard Maréchal Lyautey, à Brive-la-Gaillarde. Tél : 05 55 74 34 27. Une visite libre est possible en semaine, de 9h00 à 12h00 et de 14h30 à 19h00, du mardi au samedi. En juillet et en août, la distillerie est ouverte du lundi au samedi. Il existe également une visite guidée (durée: 1h00), pour les groupes jusqu'à 50 personnes, et sur réservation préalable. A l'issue de la visite, une dégustation gratuite vous sera proposée. Site internet : http://www.denoix.com/

  • Distillerie Bellet, 3 avenue Maréchal Bugeaud, à Brive-la-Gaillarde. Tél : 05 55 24 18 07. Site internet : http://bellet-distillerie.fr/

  • Chocolaterie Lany, 5 rue de l'Hôtel de ville, à Brive-la-Gaillarde. Tél : 05 55 18 91 26. Site internet : http://www.chocolaterie-lamy.com/

  • Grottes de Saint Antoine, 41 avenue Edmond Michelet (ancienne route de Toulouse D 920, direction Noailles) à Brive-la-Gaillarde. Tél : 05 55 24 10 60. Messe à 8h30 du mercredi au samedi, à 15h00 le mardi, et à 11h00 les dimanches et jours de fête. Site internet : http://www.fratgsa.org

  • Site des Perrières, accès depuis la rue Plantadis ou la rue Raoul Desvignes.

  • Découvrez Brive-la-Gaillarde avec l'application mobile 100% gaillarde sur votre smartphone : http://www.brive-100-gaillarde.com/




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