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Du côté du Massif des Monédières
(Corrèze, France)
Heure locale

 

Samedi 15 octobre 2016

 

Le temps pluvieux d'hier a laissé place à un grand soleil ce matin et je m'apprête à partir dans le massif des Monédières. J'ai, pour le reste de mon séjour, posé mes valises dans un petit hôtel familial de Naves, situé place de l'église. Parlons-en justement de cette église Saint Pierre datant du XIV ème siècle. Son retable, riche et impressionnant remonte au XVII ème siècle et recouvre le choeur de l'édifice (ci-dessous en photo). Il est du aux ciseaux de la célèbre famille de sculpteurs originaires de Tulle, la famille Pierre Duhamel. Les panneaux de cette œuvre retrace la vie de Saint-Pierre, patron de l'église en question. Celui à gauche de l'autel conte la délivrance du saint de sa prison par un ange, alors que ses gardiens se sont endormis. La chaire en bois sculpté vaut aussi le détour. Les yeux remplis de ce spectacle, je peux à présent prendre la route en direction du massif des Monédières, ensemble granitiques faisant partie du Massif central et qui est compris dans ce département de Corrèze, plus exactement au sud-ouest du plateau des Millevaches. Dominant de plus de 300 mètres la partie corrézienne du plateau limousin à l'ouest, les Monédières constituent l'un des reliefs le plus marqué de cette région, et s'étend sur une superficie de 60 km2. Monédières signifie « monts du jour » et suggère des jeux de lumière offerts. Et ce massif reste célèbre pour le Bol d'or du même nom, course cycliste autrefois lancée par l'accordéoniste Jean Ségurel.

 

Je commence ma tournée quotidienne des villages par Saint-Salvadour, connue pour la naissance dans le village de Marie Brudieux, qui fut jusqu'en 2015 la doyenne des Français, mais aussi pour le personnage anti-conformiste qu'était le paysan corrézien Antoine Paucard qui a son musée sur place. Né en 1886, celui-ci fut un personnage singulier : tour à tour engagé dans les Chasseurs d'Afrique, en Algérie, puis cultivateur, maçon, sculpteur et poète, il s'enthousiasmera un temps pour la Russie où il se rendra d'ailleurs, écrivant aussi un ouvrage sur ce voyage. Désabusé par les idéologies de toutes sortes et la politique en général, il se réfugiera dans son imaginaire, en produisant une trentaine de sculptures (ci-dessous) faites de granit local, et 120 carnets d'oeuvres écrites dont 143 chansons. Il repose depuis 1980 dans le tombeau qu'il réalisa lui-même dans le petit cimetière communal.


 

Mon itinéraire me conduit maintenant à Corrèze, bourg qui a pris le nom de son cours d'eau et non celui du saint patron de l'église (Saint Martial). Des traces d'implantation gallo-romaines ont, ici et là, été détectées et la voie antique qui venait de Tulle passait derrière la mairie avant de se diviser en deux branches. Au Moyen Âge, le village prend corps, se dote des premières maisons fortes, et dépend alors de la vicomté de Ventadour. L'endroit connaîtra un essor important au XVI ème siècle et à la Renaissance, d'où l'apparition de maisons bourgeoises toujours présentes de nos jours (ci-dessous), arborant frontons, pilastres, frises et coquilles Saint-Jacques. La Guerre de Cent Ans mettra un terme à cette prospérité, tout comme les guerres de religions. Et la population de Corrèze de souffrir régulièrement de famine, particulièrement lors des hivers rigoureux et du petit âge glaciaire au XVIII ème. Je franchis la porte Margot (deuxième photo), unique trace du chemin de ronde qui défendait jadis l'entrée de la ville. L'église Saint-Martial, elle, puise ses origines à l'époque carolingienne et fut plusieurs fois reconstruite. Un peu plus loin, s'élève aussi la chapelle des Pénitents Blancs, inscrite aux Monuments Historiques depuis 1988. Dédiée à Saint Jean-Baptiste, elle renferme une magnifique chaire en bois sculpté du XVIII ème siècle.


 

Je file à présent vers Chaumeil, commune se trouvant à l'intérieur du parc naturel régional de Millevaches. L'enfant du pays est sans conteste Jean Ségurel, célèbre accordéoniste qui naquit dans ce village. Dix fois millionnaire du disque, notre homme composa plus de 600 chansons dont la plus célèbre reste « Bruyères corréziennes » (en 1936), qui évoque la plante dominante dans les Monédières. Il existe ici la maison de Pays des Monédières (voir infos pratiques) dans laquelle se trouve le musée Jean Ségurel, actuellement fermé au public. Grâce à l'extrême gentillesse de quelques Chaumeillois(es), j'aurais tout de même la chance de pouvoir y pénétrer et de prendre les photos que vous trouverez dans l'album de cette sortie. Fils de paysans corréziens, Jean Ségurel, surnommé affectueusement « Baptistou » se mit très tôt à la musique, jouant d'abord du violon, puis de l'accordéon. Dès lors, il montera une petite formation avec laquelle il n'aura de cesse de faire danser toujours plus de monde, partageant ainsi sa joie de vivre et son amour pour le piano à bretelles. Infatigable, il créera également en 1952 la célèbre course cycliste du Bol des Monédières, transformant le petit village de 160 âmes en un rassemblement de...60 000 spectateurs ! Quant au musée, largement documenté, il expose de nombreux souvenirs dont deux de ses accordéons (deuxième photo ci-dessous) qui furent fabriqués à Tulle par les Frères Maugein, dernière manufacture d'accordéon française. A noter que septembre est le mois du festival d'accordéon, au nom évocateur de « Nuits de Nacre ». Lors de votre passage à Chaumeil, arrêtez-vous aussi à l'église pour y découvrir de splendides sculptures datant de 1500, et l'étrange sirène qui trône près de la porte de la sacristie. Enfin, si vous passez par là au bon moment, vous pourrez peut être goûter aux myrtilles à la Maison de Pays des Monédières, ouverte du 1er mai au 30 septembre.


 

A quelques kilomètres de là, se trouve Lestards et sa petite église au toit de chaume (ci-dessous). C'est d'ailleurs le dernier édifice religieux ainsi recouvert dans notre pays. Autrefois, il n »tait pas rare de recouvrir les églises avec du chaume, alors bon marché. On utilisait à l'époque les meilleurs brins de chaume de seigle, céréale majoritairement cultivée en France, bien avant celle du blé ou du froment. Le toit nécessitait cependant un entretien annuel et l'augmentation du coût de la main d'oeuvre mit peu à peu un terme à ce genre de couverture. Lestards fut quant à lui le siège d'une commanderie qui dépendait de l'ordre des Antonins : on y accueillait pèlerins et malades, comme en témoignent les quelques dalles tombales toujours présentes au pied de l'église. La clef de voûte du choeur présente le tau des Antonins et trois croissants de Lune. Ces frères Antonins étaient réputés pour soigner le mal des ardents, dit aussi feu de Saint Antoine, ou ergotisme. Cette maladie était due à un champignon qui se développait sur le seigle et se manifestait par des hallucinations et des pertes de la sensibilité des extrémités des membres. Certains y voyaient même la manifestation du diable...


 

Je suis tout près du Puy de Suc-au-May qui domine la région du haut de ses 908 mètres. En son sommet, se trouve une table d'orientation (ci-dessous) qui fut placée là en 1935, et permet de se situer par rapport au panorama environnant (deuxième photo). On découvre ainsi le Massif des Monédières mais aussi le Plateau de Millevaches, et par temps clair, ce qui est le cas aujourd'hui, on peut même distinguer les Monts d'Auvergne et ceux du Cantal. En contrebas, depuis le hameau de Freysselines, des sentiers permettent aux plus audacieux d'effectuer des randonnées à partir du cirque de Freysselines jusqu'au sommet des puys. Sur place, et depuis le sommet du Puy de Suc-en-May, on peut enfin s'initier au parapente et au deltaplane.


 

Je rentre à Naves en passant par Seilhac car j'ai envie de jouer les grands enfants : il existe dans ce bourg un parc de trains miniature, attraction qui fait toujours rêver petits et grands. Dans ce jardin extraordinaire qui a ouvert il y a tout juste un an, circulent plus de vingt trains miniatures dans un parc arboré de 3000 m2. Son créateur explique aux visiteurs comment, à force d'acharnement, il a bâti cette attraction à travers une exposition photographique décrivant les différentes étapes de la construction de ce parc. Je pourrai ainsi admirer plus de soixante maquettes réalisées au 1/25 ème, 600 figurines et 3500 plantations naines taillées à la façon des Bonzaïs. Chaque train offre ses bruits d'origine et circule alternativement sur le vaste réseau ferré, s'arrêtant ici et là dans les différentes gares sur le parcours. A ne pas manquer !


 

INFOS PRATIQUES :

 


  • Le Musée Antoine Paucard est situé à côté de la mairie (près de l'église) et est ouvert tous les jours et toute l'année, de 8h30 à 17h00. L'entrée est libre.

  • L'ouvrage d'Antoine Paucard, »Un mois en Russie, par un paysan de Corrèze » (ci-dessous) est encore disponible à la Mairie (05 55 21 63 94) contre un don de 20€. La Mairie est ouverte les mardi, mercredi, jeudi et vendredi de 14h00 à 17h00 et le samedi de 9h00 à 12h00.

  • Maison de Pays des Monédières, Le bourg, à Chaumeil. Tél : 05 55 21 21 24. Site internet : http://www.maison-de-pays-des-monedieres.fr

  • Un grand merci aux personnes qui m'ont permis de visiter exceptionnellement le Musée Jean Ségurel. Elles se reconnaitront.

  • Deux écoles de parapente et de delta sont présentes au Puy de Suc-en-May : Monédières/Millevaches Vol libre (06 21 38 63 69)  et Aventures Dordogne Nature (05 55 28 86 45) et, pour le cerf-volant : Médiamorphose (05 55 25 82 85)

  • Les Petits Trains de Seilhac, 13 Avenue Nationale, à Seilhac. Entrée par la rue de la Brégeade.Tél : 06 19 71 80 56. Ouvert de 14h30 à 18h00 en avril, mai et juin, de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30 en juillet et août, de 14h30 à 18h en septembre et les mercredi, samedi et dimanche de 14h30 à 17h30. Entrée : 6,50€. Site internet : http://www.lespetitstrainsdeseilhac.com




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