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Meymac, Saint-Fréjoux, Peyrelevade et le Site gallo-romain des Cars
(Corrèze, France)
Heure locale


Vendredi 21 octobre 2016

 

Découvrons aujourd'hui les alentours d'Ussel, à travers quelques lieux choisis. Je me rends tout d'abord à Saint Fréjoux, petite commune de la Haute-Corrèze, qui offre de voir l'église de Saint-Frédulphe, devenue Saint Jean-Baptiste. Si sa façade (en photo ci-dessous) est intéressante, l'intérieur permet d'admirer de jolies peintures murales, à condition toutefois de pouvoir y pénétrer (voir infos pratiques). Cette petite église romane est l'une des églises les plus intéressantes du pays d'Ussel, en particulier par son mobilier dont un remarquable devant d'autel en bois doré qui représente la Cène, œuvre des maitres-sculpteurs usselois datant de la fin du XVII ème siècle. On peut également y admirer un bras reliquaire en cuivre doré du XIII ème siècle présenté sous un coffre vitrine. L'autre découverte réside en ces peintures qui ornent le cul-de-four, et qui remontent au XVII ème siècle. Ces œuvres montrent une ribambelle d'anges, nus ou habillés, qui volètent autour de la colombe du Saint-Esprit, dans une gloire entourée de chérubins. Certains de ces anges portent à bout de bras une corbeille d'où s'échappent des grappes de fleurs, tandis que d'autres brandissent une couronne de fleurs au-dessus de leur tête. Ce lieu de culte est, avec l'église de Saint-Exupéry, la seule à offrir une telle voûte peinte sous l'Ancien Régime.


 

Située non loin d'Ussel, Valiergues possède le seul moulin à vent (ci-dessous) dans un département où, il faut bien l'avouer, tout tourne autour de l'eau, omniprésente, et où l'on croise plus souvent des moulins à eau, très nombreux sur les rivières et ruisseaux de Haute-Corrèze. La carte de Cassini, qui fut levée pour le pays d'Ussel dans les années 1770-1780, ne mentionne effectivement qu'un moulin à vent, près du village du Bech, sur la commune de Saint Bonnet Port Dieu. Le moulin de Valiergues, lui, fut bâti en 1840, au village de Betinas et à une altitude de 659 mètres environ. Il fonctionnera jusqu'à la fin du XIX ème siècle et il était encore possible d'observer ses ailes avec des lambeaux de voilure au début du siècle dernier. Ailes et toiture disparurent par la suite, jusqu'à ce que le bon vieux moulin soit restauré en 2001 et retrouve une nouvelle existence avec de nouvelles ailes. Ses meules restent quant à elles toujours muettes.

 

Je prends à présent la direction de Meymac, commune devenue la porte d'entrée du plateau de Millevaches et du parc naturel régional de Millevaches. La petite ville est aussi à l'origine de la découverte de la première mine de bismuth en France, dans les mines ds Chèzes, fermées depuis. La légende prétend qu'un ermite nommé Mamacus ait élu domicile à cet endroit, mais l'on pense que l'origine de Meymac proviendrait de Maximus, nom d'un personnage romain et du suffixe gallo-romain -acum. On sait par ailleurs qu'en 1085, Archambaud III, vicomte de Comborn, fonda un monastère érigé ensuite en abbaye en 1147. Les reliques de Saint Léger y seront d'ailleurs reçues comme don au début du XII ème siècle. Et l'abbaye de voir affluer de nombreux pèlerins, si bien qu'en 1265, Eble VII de Ventadour octroiera aux habitants de Meymac une charte de franchises. A cette époque, la ville est protégée par des remparts, mais sera malgré tout pillée par Geoffroy Tête noire et sa bande de routiers en 1379. En 1633, c'est la peste qui décimera la population, au point que la petite ville ne retrouvera jamais sa splendeur passée.

Là encore, l'office du tourisme me propose un circuit historique de la ville en visite libre. Muni de ma feuille de route, je débute mon parcours en passant devant la fontaine aux lions, ou « fontaine des marchands de vin ». Pourquoi donc cela ? J'apprendrais qu'autrefois, les paysans meymacois migraient une partie de l'année pour trouver du travail ailleurs. Et certains de se lancer dans le commerce du vin de Bordeaux. Ainsi Jean Gaye-Bordas, d'abord vendeur de parapluies à Bordeaux, durant les années 1865-66 trouvera qu'il sera plus rémunérateur de se lancer dans le négoce de vin à domicile, dans le nord du pays et même en Belgique. Enfant naturel, Jean Gaye-Bordas naquit non loin de là en 1826. Personnage hors du commun, célèbre pour ses aventures amoureuses et ses excentricités, sa vie sera une succession de fortunes et de faillites. Et chaque période de succès de se concrétiser par la construction de maisons. Celle de Meymac (ci-dessous) sera surnommée Château des Moines Larose et sera la plus réussie et la plus originale de toutes. C'est cependant dans la maison d'un ami à Ussel que notre homme s'éteindra le 30 décembre 1900. En pleine révolution industrielle, ce négoce du vin fait des émules et le commerce prend de l'ampleur. Ces affaires vont prospérer jusqu'à la Première guerre mondiale et, bien qu'on n'ait jamais vu de vignes en...Haute-Corrèze, Meymac offre toujours aujourd'hui quelques grands crus (Saint-Emilion et Pomerol) que l'on doit à quelques Meymacois avisés qui rachetèrent des vignobles bordelais à partir des années 1930. Ingénieux n'est-ce pas ?


 

Après la fontaine, je redescend la Grande rue, en laissant la Tour de l'horloge sur ma gauche (ci-dessous) que j'entendrai sonner à plusieurs reprises. Celle-ci correspondait jadis à la porte du Midi du château de la ville. Elle offre toujours à son pied la statue de Saint-Léger.

La rue Neuve, un peu plus bas à droite, abrite la maison des Ventadour, une demeure autrefois dotée d'une tour, de portes et de fenêtres à meneaux (qui ont aujourd'hui malheureusement disparus). On me parle de l'Hôtel des ducs de Ventadour, une tour carrée à escaliers, que j’imaginais mieux placée que coincée entre une pizzeria et un immeuble d'habitations. Ancienne principauté féodale, la vicomté de Ventadour comprenait la région d'Ussel, de Meymac, de Neuvic et d'Egletons. Elle posséda au moins à partir du XIV ème siècle une cour de justice avec un juge et un procureur, cour qui fonctionnera très longtemps. En face de l'Hôtel des Ventadour se dresse une croix ajourée originale puisque d'un côté, elle représente le Christ (deuxième photo), et de l'autre, la Vierge à l'Enfant. Cette croix figure désormais sur la liste des Monuments historiques. Il est dommage que ces deux monuments ne soient pas mieux mis en valeur.


 

Face à moi, l'église de Meymac. Je vous parlais plus haut de l'ermite Mamacus. Celui-ci construisit au XI ème siècle une petite église dédiée à l'apôtre Saint André . Le 3 février 1085, Archambaud III, vicomte de Comborn, fonda le prieuré de Meymac, alors constitué de quelques moines bénédictins venus desservir l'église. C'est cette même année que débuta la construction de l'église abbatiale actuelle, d'architecture romane et classée. Le clocher porche est d'abord édifié dans le style roman limousin, dont les onze chapiteaux offrent des sculptures sur la foi, les rêves, les espérances des hommes et des femmes de l'époque. Le XII ème siècle verra quant à lui l'érection du choeur et du transept. Une nef très large, avec une voûte gothique, viendra parachever cette œuvre. En 1146, grâce à la contribution d'Ebles II de Ventadour, le prieuré deviendra abbaye, autour de laquelle se développera l'un des quatre principaux duchés de Ventadour. Aujourd'hui, les bâtiments conventuels de cette abbaye abritent la Fondation Marius Vazeilles, musée archéologique et ethnologique ainsi que le Centre d'art contemporain.

L'intérieur de l'église abrite la statue de la Vierge à l'Enfant, dite Vierge noire (ci-dessous). Cette œuvre est classée monument historique depuis le 12 novembre 1908 et fut restaurée cette année. Avec le développement du culte de la Vierge au XII ème siècle, le nombre de représentations de la Vierge à l'Enfant augmentera. Elle est ici figurée en tant que trône de Sagesse, tenant l'Enfant sur ses genoux. A souligner que cette Vierge noire de Meymac est la seule conservée en Corrèze, et que son originalité réside dans la coiffure de type oriental que porte celle-ci : elle explique le surnom d'Egyptienne parfois donné à cette statue. Au pied d'un autre pilier, se tient une autre statue de la Vierge à l'Enfant, statue mutilée (l'Enfant Jésus a perdu sa tête!) par un malfaisant. Simple profanation ou terrorisme ?


 

Je traverserai quelques instants plus tard les jardins de l'abbaye qui m'offriront une superbe vue sur les trois absides de l'église (ci-dessous). Puis je remonte par la rue du Pas Redon, puis la rue des Moulins, avant d'entrer dans la rue Saint Pierre où se dresse encore une maison à pans de bois (deuxième photo) surnommée la Turgotière.


 

Je reprends la route en direction du site gallo-romain des Cars (ci-dessous) où l'on peut admirer les restes d'une villa romaine avec ses thermes, et un sanctuaire. Ce site date des II ème et III ème siècles. Au début du siècle dernier, seuls quelques blocs apparaissaient noyés dans les bruyères, jusqu'à ce que des fouilles, conduite par Marius Vazeilles, en 1936, ne permettent de dégager l'ensemble funéraire désormais visible, puis, deux cents mètres plus loin, une maison d'habitation. Au cours du premier millénaire avant J.C, l'endroit était maillé d'un réseau dense de domaines agricoles aux mains de propriétaires privés. Puis, le mode de vie des Romains pénètra le territoire à partir du premier siècle après J.C. Quand au site de la villa romaine, il permet d'observer une grande cuve monolithe taillée dans un seul bloc de granit, connue sous le nom de Bas des Cars. Ce réservoir d'eau alimentait grâce à des canalisations en plomb, une piscine et une vasque avec jet d'eau, tout en utilisant un système de chauffage par le sol, pour l'eau et les pièces.


 

Sur le chemin, j'apercevrai la tourbière du Longeyroux (ci-dessous) qui invite à la promenade à travers des sentiers balisés (Linaigrette et Drosera) tout en plongeant dans une atmosphère particulière et un milieu biologique d'intérêt national riche de nombreuses espèces rares de la faune et de la flore, celle de la plus vaste tourbière du Limousin, sur 270 hectares.

 

J'approche de Peyrelevade. Un peu avant ce village, sur la route de Cézeirat, se dresse la croix du Mouton (ci-dessous), croix de granit que l'on peut dater du XV ème siècle, et qui fit couler beaucoup d'encre. C'est certainement l'une des plus belles croix de chemin de Corrèze. Elle repose sur un bélier aux larges cornes, considéré parfois comme la représentation du diable. Le fût porte en réserve la croix de Malte et une main de justice. Sur une face de cette croix se trouve le Christ crucifié entre la Vierge et Saint Jean, et sur l'autre, la Vierge à l'Enfant, accostée de deux chandeliers. Cette croix prend tout son sens d'autant plus qu'elle se trouve dans une région marquée par la présence templière, et il n'en fallut pas davantage pour que certains l'attribue aux Templiers de la commanderie voisine de Feniers, qui dépendait depuis ses origines de l'ordre de l'Hopital et non de celui du Temple. Bref, c'est en fait à l'Hopital, devenu l'ordre de Malte, et non au Temple, disparu en 1311, que l'on peut rattacher cette magnifique croix.

 

A quelques kilomètres de Peyrelevade, se dresse la Chapelle du Rat (ci-dessous), au sommet d'un rocher qui comporte également un dolmen et un calvaire, ainsi que quelques sépultures. Il s'agit là d'une chapelle catholique, inscrite aux Monuments historiques depuis 1927. C'est là que fut tournée une partie du film « Mademoiselle » de Tony Richardson, avec Jeanne Moreau. Quant à l'origine du nom de ladite Chapelle, je l'ignore.


 

A découvrir aussi dans la région :

  • Alleyrat et sa fontaine

  • Laroche près Feyt et son église

  • Eygurande (sa fontaine, sa Chapelle Notre-Dame, la Tour Chorid, le Moulin du Puyloubec et la gare)

  • Lamazière Basse et l'église Saint Barthélémy

N'oubliez surtout pas de vous munir de l'ouvrage de Jean-Loup Lemaitre, de Michelle & Stephane Vallière, « Corrèze, Cent lieux pour les Curieux » (Editions Christine Bonneton)

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Eglise Saint Frédulphe, à Saint-Fréjoux : pour visiter l'église, ou encore la grange au toit de chaume (à l'entrée du village), contacter le 05 55 72 27 87 ou le 06 33 62 86 99.
  • Moulin à vent de Valiergues, en bordure de la D 120, en direction de Valiergues depuis la D 679.

  • Office du tourisme, 1 Place de l'Hotel de Ville, à Meymac. Tél : 05 55 95 18 43. Site internet : http://www.tourismemeymac.fr/

  • Les Amis de Meymac près Bordeaux : 06 25 97 48 97 et http://meymacpresbordeaux.fr

  • Musée Marius Vazeilles, Abbaye Saint André à Meymac. Tél : 05 55 95 19 15. Ouvert tous les après-midi (sauf les lundi et jeudi) de 14h30 à 18h00, d'avril à novembre, et du mardi au dimanche, de 10h00 à 12h00 et de 14h30 à 18h30, en juillet et août. Entrée: 4€. Site internet : http://www.mariusvazeilles.fr

  • Maison du parc naturel de Millevaches, à Millevaches : http://www.pnr-millevaches.fr/La-Maison-du-Parc




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